6. Programmer l’évaluation

En France, l’évaluation en langue pour le primaire n’est pas normative, et ne conditionne pas le passage au collège. L’objectif donné pour la fin du cycle 3 est le niveau A1 du CECRL, ce qui ne garantit pas la prise en compte des compétences plurilingues. Le portfolio des langues, par contre, est

‘conçu comme un document où tout individu pourrait reporter les différentes expériences d’apprentissage langagier qu’il a pu connaître dans son histoire singulière : apprentissage guidé/apprentissage non guidé, en contexte homoglotte/en contexte hétéroglotte, apprentissages simultanés/apprentissages décalés, apprentissage continu/apprentissage interrompu avec réapprentissage, etc. Logique de la pluralité et, si l’on peut dire, de la longue durée, focalisant l’attention et l’analyse plus sur le parcours effectif de l’apprenant que sur les programmes institutionnels.  (Coste, 1995 : 69)’

Héritier d’outils précédents, tels que le journal de l’apprenant, le portfolio encourage chez l’apprenant un processus d’auto-évaluation et prend en compte l’ensemble de la biographie langagière. Il prend en compte trois grands groupes de compétences, dont Gajo reprend les différentes typologies (2000 : 186) :

En France, il en a été publié une version pour le niveau A1 dont peuvent s’inspirer les enseignants de l’école primaire. Le portfolio concilie l’observation des répertoires plurilingues et pluriculturels de ses élèves et la mise en œuvre des instructions officielles. Son utilisation en classe permet, en prenant une certaine distance vis à vis d’une conception cloisonnée des langues et des cultures, en les considérant au contraire dans leur continuité, et en validant les pratiques sociales, de ne plus opposer élèves francophones et allophones, étrangers et natifs, mais d’évaluer la réalité du bagage linguistique et culturel de chacun. Le portfolio des langues permet à l’enseignant comme à l’élève d’identifier les compétences et les stratégies communes à différents contextes, et de transformer ainsi des compétences éparses en compétences plurilingues, il rend visible des articulations entre les niveaux d’enseignement, entre les didactiques de différentes disciplines (langue étrangère, français langue matière, langue seconde, langue étrangère, langue de scolarisation), entre savoirs scolaires et pratiques sociales. Il peut être utilisé par l’enfant nouvellement arrivé pour le français en classe d’initiation ou d’accueil et en langue étrangère dans sa classe ordinaire : outil dans ce cas commun à deux classes et deux enseignants, le Portfolio rassurera l’élève lorsqu’il quittera la classe d’initiation, souvent vécue comme un cocon ; utilisé par les enfants de sa classe d’âge pour la langue étrangère, et alors partagé par ces derniers et par l’enfant nouvellement arrivé, il facilitera son inclusion ; suivi par les deux enseignants, il sera un outil de concertation.