2.3. L’analyse des apprentissages langagiers

La simulation de séance de langue est une pratique bien rodée en formation, qui permet aux enseignants stagiaires une mise en application de leurs hypothèses didactiques, une prise de risque minimale, un retour de la part du formateur et des collègues stagiaires. Lorsque cet atelier est conduit par les stagiaires eux-mêmes dans des langues de leur vie, il est l’occasion de courtes séances de langues inconnues de tous, y compris le formateur, et mis à part le stagiaire qui conduit l’activité : alsacien, berbère, breton, hébreu, langues des signes, etc. En formation, nous rappellent Rogalski et Samuçay (1994 : 66, 68), les activités de simulation permettent « de simuler non pas le réel mais le problème » ainsi que la tâche. Pour les enseignants, c’est une mise à l’épreuve des outils, des choix d’objectifs, de l’organisation spatiale, sociale et temporelle, des consignes. La simulation dans une langue de vie offre les mêmes possibilités de retour didactique que si elle était conduit dans l’une des huit langues au programme de l’école primaire ; elle constitue une Mise en Situation d’Apprentissage (MSA) telle qu’elle est pratiquée depuis plusieurs années, « La lettre en polonais », la séance de japonais ou de thaïlandais, selon les ressources des formateurs, mais contient des éléments de formation supplémentaires : elle met en confiance le stagiaire, qui est souvent le seul expert de la langue abordée. Cette sécurisation linguistique peut compenser l’insécurité didactique vécue par de nombreux stagiaires vis à vis des langues. Elle applique le principe d’isomorphisme, puisque le formateur, qui préconise des activités d’éveil aux langues compris dans des langues que l’élève connaît et que l’enseignant ignore, se place dans une situation de non expertise, et se situe comme membre de la communauté provisoire d’apprenants. Ce type de Mise en Situation d’Apprentissage permet l’expérience sensible de la mutualisation des ressources linguistiques, de la réalité du plurilinguisme présent parmi les enseignants, des modes de transmission intergénérationnelle, et ouvre généralement le débat sur les compétences déséquilibrées dans différentes langues et sur les registres et fonctions pour lesquels ces compétences sont en usage.