L’organisation du travail

Surréalité

Alors que les termes « surréalisme » et « surréaliste » connotent une réhabilitation considérable de toutes les formes de connaissance marginalisées par le « totalitarisme » de la logique, Aragon leur préfère le mot « surréalité », défini comme le domaine où se rejoignent l’esprit critique et l’imagination, moins lié, de la sorte, à l’écriture automatique et à l’hypnose, dans la mesure où il est possible de recourir, dans certaines mesures, à la « raison » pour la mise en place d’une conception particulière du monde, fondée sur une fusion et une interaction permanente du réel et du rêve ; et comme l’indique le mot même, il s’agit de mettre en place une vision qui va au-delà de la réalité, qui demeure, toutefois, comme une référence constante. Aragon l’exprime dans cet extrait d’Une Vague de rêves :

‘A ceux-ci rien ne fera entendre la vraie nature du réel, qu’il n’est qu’un rapport comme un autre, que l’essence des choses n’est aucunement liée à leur réalité, qu’il y a d’autres rapports que le réel que l’esprit peut saisir, et qui sont aussi premiers, comme le hasard, l'illusion, le fantastique, le rêve. Ces diverses espèces sont réunies et conciliées dans un genre, qui est la surréalité. 83

En effet, de cette interférence du réel et du rêve, naît une nouvelle logique fondée non sur l’abstraction mais sur un rapprochement surprenant des images qui établissent un lien entre le visible et l’invisible, un rapprochement entre deux types de perceptions du monde, l’une étant rationnelle alors que l’autre est fantastique, sans primat de l’une ou de l’autre. Et parmi ces images, nous avons choisi donc de faire l’étude de la figure de la métaphore, qui rend possible la transcription concrète de la réalité par un passage du règne de la logique à celui de l’émotion, et ce dans le but de représenter ce qui outrepasse les pouvoirs de la raison, et offre de la sorte une perception personnelle du monde.

Notes
83.

L. ARAGON, Une vague de rêves, Paris, Seghers 1990, p.11.