La métaphore dans le contexte

Le contexte est un postulat déjà mis en placepar M. Black (1962), qui explique que l’expression métaphorique fonctionne grâce à l’association de trois éléments : d’une part, un terme métaphorique, ou focus, qui indique le véhicule de l’interprétation ; d’autre part, une structure énonciative, ou cadre (frame), dans laquelle s’introduit ce contenu de signification ; et finalement, un contexte d’usage dont la fonction est de souligner les modalités appropriées à la réalisation du message. Et d’ailleurs, la distinction entre ‘’cadre’’ [contexte] et ‘’foyer’’ [terme métaphorique] est considérable, parce qu’elle souligne la fonction contextuelle de la métaphore. Du reste, chaque élément des trois, ayant une fonction qui lui est propre et procédant suivant différentes étapes, contribue à l’interprétation métaphorique. De ce fait, l’auteur élabore une ‘’théorie relationnelle’’ de la métaphore, selon un modèle interactionnel schématisé ainsi :

 la métaphore ne touche pas uniquement le niveau de langue, mais suppose le plan d’énonciation (ou du contexte) ;

elle est spécifiée par l’interaction de deux composantes : un point focal (le véhicule) et un cadre (la matrice) ;

une relation particulière de dépendances fonctionnelles (la tension) est établie entre les deux composantes précédemment citées, et dont l’interaction, ayant une portée principalement cognitive, permet de réaliser la signification (sens et dénotation) d’une métaphore. 155

Plusieurs auteurs ont perpétué cette réflexion, tel que Philippe Dubois lorsqu’il conclut :

En somme, il apparaît clairement qu’un trope n’est quasi jamais ponctuel, qu’il dépasse l’unité du simple syntagme pour s’étendre à l’échelle de la phrase et même, surtout, du texte. 156

A son tour, Kamel Gaha dit que « si l’on veut dépasser le stade de l’analyse du procès métaphorique étudié pour lui-même, on doit reconnaître au contexte un rôle important dans la production du sens métaphorique et poétique » 157 . Jean Kokelberg confirme également qu’« aucun mot à l’état isolé, n’est métaphorique en soi. La métaphorisation ne naît que par ‘’acoquinement’’ avec les mots voisins ou par rapport à un contexte » 158 .En conséquence, décrire les possibilités d’association de la métaphore avec les segments avoisinants qui constituent son contexte est avant tout autorisé par une conception développée et étendue de la figure.

Notes
155.

E. BORDAS, Les chemins de la métaphore, Paris, PUF 2003, p.61.

156.

Ph. DUBOIS, « La métaphore filée et le fonctionnement du texte », in Le Français Moderne, Tome 43, n°3, juillet 1975, éd. d’Artrey, p.213.

157.

K. GAHA, Métaphore et métonymie dans Le Polygone étoilé, Publication de l’université de Tunis 1979, p.275.

158.

J. KOKELBERG, Les techniques du style, Paris, Nathan 2000, p.94.