Les contextes de conjonction

Dans ce cas, il s’agit d’un contexte ouvert, qu’on ne délimite plus au cadre de l’énoncé, au point que « l’analyse ouvre des perspectives, et gagne en généralité », puisqu’« elle peut rendre compte des cas où l’influence mutuelle s’exerce entre éléments qui ne sont pas dans un voisinage immédiat ». Ainsi, « les degrés de pertinence du contexte ne se ramènent pas à la seule dimension proximité / éloignement », selon le point de vue de M. Mahmoudian, mais il est possible de « concevoir l’influence contextuelle comme une succession de processus ayant lieu à divers paliers du texte : syntagme, proposition, phrase, et ainsi de suite ; ce qui rendrait possible une typologie des effets du contexte en fonction de son étendue » 204 . De la sorte, par l’effacement de la préposition « de », le poète renouvelle, dans l’exemple suivant, une image connue, le regard illuminé par la vue de celui qu’on adore :

‘Dans la chambre où les yeux phosphore’ ‘Se sont séparés du visage’ ‘Aimé’ ‘Pour tourner autour de la femme qui sent ’ ‘le feu. ’ ‘(« Réponse aux flaireurs de bidet », La Grande Gaité, p.252)’

Grâce à une métaphore par juxtaposition, « yeux phosphore », rapprochant étroitement les deux substantifs, Aragon met en valeur la brillance et la luminosité du regard, par lequel on contemple l’être aimé. En outre, cette représentation trouve justification grâce au dernier mot de cet extrait, car elle fait écho à « la femme qui sent le feu », celle qui inspire une passion véhémente.

Notes
204.

M. MAHMOUDIAN, Le contexte en sémantique, Paris, Peeters 1997, p.61.