Problèmes de motivation

Contre l’arbitraire du signe linguistique, la motivation du langage a été mise en place, dans la mesure où « la banalisation » de celui-ci « annule la valeur de l’image » et « rejette la dimension métaphorique », comme le déclare E. Bordas :

‘les débats sur l’originalité de la métaphore comme expérience cognitive sont presque toujours des tentatives visant à prouver une motivation logique de l’énonciation. L’expression métaphorique serait une réaction langagière à l’arbitraire du signe linguistique. Contre des mots imposés, et des signes vides, le locuteur qui parle par images métaphoriques impose la vérité d’une construction sémantique particulière, individualisée, guidée par son histoire personnelle, par son vécu, par ses connaissances du monde. L’analogie est une épreuve de résistance pour la vérité du langage. Elle rejette l’emploi abstrait des mots, et désigne non seulement une ressemblance de rapports (perspective aristotélicienne), mais même des rapports de ressemblance inscrits dans l’être. 253

Du point de vue de C. Fromilhague, la métaphore s’affiche selon une « structure tripartite », puisque « formée d’un comparé (cé=thème), d’un comparant (ca= le référent virtuel), et d’un motif, dont le signifié comporte des sèmes attribués au comparé et au comparant (propriétés logiques communes aux deux) » 254 . Et si nous accordons de l’intérêt au motif, dans cette partie, c’est parce que le sens figuré est toujours plus motivé que le sens propre, et donc caractérisé par une expressivité renforcée. Par conséquent, la métaphore est à classer parmi les figures expressives, dans la mesure où elle est assimilée, par K. Gaha, à «un jaillissement de la signification né du rapprochement imprévisible de deux réalités que rien ne réunit sinon l’intention ou le désir du locuteur ou du sujet de l’énonciation » 255 , au point qu’« une distance sémantique » ou « une tension » s’établit entre le comparant et le comparé pour les séparer. De ce fait, il devient possible de poser plusieurs problèmes concernant la figure métaphorique, celui de la motivation, de la pertinence et finalement celui de la subjectivité.

En premier lieu, nous devons énoncer que le motif  est l’ensemble des éléments communs au comparé et au comparant. Motivées explicitement ou implicitement et même non motivées, les figures peuvent l’être suivant la présence ou l’absence de cet élément.

Notes
253.

E. BORDAS, Les chemins de la métaphore, Paris, PUF 2003, p.77.

254.

C. FROMILHAGUE, les figures de style, Paris, Nathan 1995, p.73.

255.

K. GAHA, Métaphore et métonymie dans Le Polygone étoilé, Publications de l’Université de Tunis 1979, p.184.