Présence du motif

Une métaphore ne peut être « motivée » que dans le cas où le motif est présent dans le contexte, et où la relation entre le comparé et le comparant est « saturée », c’est-à-dire « limitée aux sèmes communs » que le motif « exprime » 256 . Nous citons à titre d’exemple :

‘Je chasse les étoiles avec la main ’ ‘Mouches nocturnes ne vous abattez pas sur mon cœur ’ ‘Vous pouvez toujours me crier Fixe’ ‘Capitaines de l’habitude et de la nuit’ ‘Je m’échappe indéfiniment sous le chapeau de l’infini’ ‘Qu’on ne m’attende jamais à mes rendez-vous illusoires. ’ ‘(« Les débuts du fugitif », Les Destinées de la poésie, p.118)’

Les « étoiles » constituent ici le thème des métaphores appositives, mises en place par le poète, dans le but de confirmer son goût pour le déplacement infini et l’instabilité dans l’attitude et les actions, contre tout ce que peuvent suggérer ces points célestes. Ces derniers sont d’abord identifiés à des « mouches », et le motif de cette similitude est à saisir au niveau de l’acte proposé par le poète « chasser avec la main », en ce sens que les deux éléments l’agacent malgré leur petitesse. Par ailleurs, ils sont également des « mouches », car ils sont « nocturnes », et c’est ainsi que nous distinguons un autre point commun qui justifie ce rapport figuré entre l’astre et l’animal. D’un autre côté, les « étoiles » deviennent « capitaines de l’habitude et de la nuit », dans la mesure où ils commandent, en annonçant la nuit, cette succession permanente de la lumière et de l’obscurité, et par conséquent, elles témoignent d’un déroulement régulier, éternel et habituel de la vie des autres.

Notes
256.

C. FROMILHAGUE, les figures de style, Paris, Nathan 1995, p.74.