Le nominalisme absolu

En tant que nouvelle procédure de recréation du langage, l’écriture automatique repose aussi sur un autre critère définitoire du surréalisme, à savoir « le nominalisme absolu », qui consiste principalement en une opération métalinguistique par laquelle le nom se dissocie de ce qu’il nomme généralement. Par conséquent, cette poétique acquiert le droit absolu de transformer le lexique et de reproduire la totalité des rapports entre les signes. De ce fait, le surréalisme redonne confiance totale au langage, puisque la nomination acquiert une force créatrice, qu’Aragon célèbre dès Une Vague de rêves, en admettant que concevoir l’univers nécessite obligatoirement une faculté d’énonciation qui fait que tous les mots, même interdits, soient délivrés, pour pouvoir finalement tout dire. Toutefois, certaines pratiques surréalistes s’opposent à ce projet, tels que le recours à des distorsions syntaxiques, à un jeu subtil entre les impératifs de la phrase et les délimitations du vers, à des discordances accentuelles, aussi bien qu’à un lexique précieux et rare, dans l’intention d’accéder à l’hermétisme.