Références intertextuelles

Dans les « Ecritures automatiques » d’Aragon, il est possible que les événements de référence s’associent à des renvois à d’autres œuvres. Ces textes s’enrichissent à la fois par les circonstances vécues et par l’intertextualité, et comme le témoigne N. Limat, « la fonction du ‘’paratexte’’ dévie du savoir vers la poésie », car elle se trouve « réactivée par ‘’ce langage sans réserve’’ » 332 , qui n’est autre que le langage surréaliste. Parmi les précurseurs qui ont marqué l’œuvre des jeunes écrivains, et celle d’Aragon en particulier, nous rencontrons souvent des réminiscences aux écrits de Rimbaud et de Lautréamont, ou des rappels qui surgissent malgré les exigences posées par l’automatisme, dans la mesure où « les délires visionnaires » des deux auteurs procurent un premier exemple aux « mots sans suite » d’Aragon. Nous confirmons de la sorte que la production automatique aragonienne est empreinte par cette double influence.

Par ailleurs, Aragon, comme les autres surréalistes, s’est intéressé de Lautréamont en raison des décalages avec lesquels il procède pour modifier le fonctionnement du discours, et surtout de la liberté de comparer des objets largement distincts, comme dans « L’épingle stérilisée », où les figures de style employées donnent lieu à des effets perturbants :

‘Où fuir les regards méchants des passants qui tracent un tissu serré de pas Tissu qu’on ne peut comparer pour la finesse à la toile d’araignée et encore moins à l’émoi d’une jeune fille. (p.146)’

Sans oublier de noter aussi qu’Aragon reproduit les collages dada qui allouent au texte, entre autres pratiques, un ton poétique.

Une autre référence intertextuelle, plus contemporaine cette fois, est à citer, celle aux Champs magnétiques de Breton, et qui consiste principalement à remémorer les souvenirs d’enfance, entre autres dans « L’institutrice » :

‘On cherche vainement à se souvenir des visages nus des enfants de l’école […] On apprend plus volontiers l’algèbre noirs des plumiers qui regardent avec méchanceté contenue les jambes rouges des filles et les cheveux embroussaillés des gamins. (p.143)’

Ou encore dans « Ici Palais des délices » :

‘Les images nues m’ont fait tellement horreur quand j’allais au lycée la serviette autour du cou. (p.144)’

Notes
332.

N. LIMAT-LETELLIER, Les  « Ecritures Automatiques » d’Aragon, Une pelle de sable au vent dans les sables du rêve, Lyon, Presses universitaires de Lyon 1992, p.42.