Les « Ecritures automatiques » : vers le poétique et le lyrique

Dans Une vague de rêves, la surréalité est considérée comme « l’horizon commun des religions, des magies » 333 , au point que nous pouvons noter que les « Ecritures automatiques » sont riches par un ensemble d’impératifs et d’affirmations qui permettent de véhiculer un message obscur qui rappelle la force illocutoire des prophéties. En effet, l’évocation des oracles et des divinations appartient à l’imagination de l’automatisme, avant qu’Aragon ne renonce à l’idéalisme (Le Paysan de Paris) et cesse d’envisager l’inspiration surréaliste « comme une visitation inexplicable » 334 . Ainsi, chacun des textes automatiques présente un degré plus important de magie lyrique, tel que dans « Les étoiles à mille branches », où l’imagination surréaliste assemble des rêveries et des illusions avec des phrases de réveil ou de demi-sommeil, au sein d’un cadre particulier admettant les transpositions et les métamorphoses. Nous citons :

‘Ciel des caresses et des balances tous les signes cabalistiques des passions sont les étoiles à mille branches que personne n’a jamais su dessiner et qui s’éveillent chaque matin sous les paupières de plomb d’une jolie vérandah de feuillage au bord d’un fleuve sentimental et paresseux. (p.152)’

Nous discernons à la fois les marques graphiques du texte surréaliste, les divagations de l’amour et les confidences d’alcôve, dans un registre plus lyrique que celui d’ « Une notion exacte de la volupté » où nous soulignons une touche humoristique par onomatopée :

‘On n’échappe plus l’étreinte renversée des compas qui bâillent ha qui baillent des mots sans suite. (p.150)’
Notes
333.

L. ARAGON, Une vague de rêves, Paris, Seghers 1990, p.16.

334.

L. ARAGON, Traité du style, Paris, Gallimard 1928, p.187.