La métaphore surréaliste et la métamorphose

Au moment de la lecture de récits renfermant des formes de métamorphose, le récepteur a généralement l’impression de quitter le domaine de la logique, mais pour mieux regagner celui de la littérature. Dans cette perspective, s’inscrit le surréalisme, puisqu’il « s’intéresse aux processus de l’évolution, de la transformation, de la mutation et plus particulièrement au stade de la soudaine métamorphose qui modifie radicalement la nature d’un être vivant et le fait autre » 653 . Dès lors, la métamorphose constitue une composante essentielle dans la plupart des œuvres surréalistes, même si elle a subi certaines modifications, en ce sens qu’elle n’est plus une « étape d’une évolution cyclique » ou « un passage qui s’accomplit sous la forme d’une répétition constante dans la durée », mais elle est pratiquée en tant que mécanisme intentionnellement déclenché et précipité, en ayant recours à certains « procédés poétiques et picturaux comme la rencontre fortuite entre deux objets ou le collage » 654 . En conséquence, la mutation des objets repose sur l’incompatibilité et l’écart, au lieu d’être fondée sur des relations cohérentes et compréhensibles, dans la mesure où elle assemble, d’une manière inattendue et fortuite, des éléments distincts et qui ne présentent habituellement aucun point commun. Nous sommes alors orientée vers l’image surréaliste, et particulièrement vers la métaphore, associant des « réalités aussi éloignées que possible », d’autant plus que les surréalistes utilisent considérablement ce procédé, dans le but de créer des êtres et des objets insolites et exceptionnels. Ainsi, le lien, que nous essayerons d’établir entre la métamorphose et la figure métaphorique, trouvera sa justification, surtout que celle-ci provoque chez le lecteur un état de surprise, et fonctionne selon les exigences d’une imagination fantaisiste et libre.

Notes
653.

J.-P. CLEBERT, Dictionnaire du Surréalisme, Paris, Seuil 1996, pp.379-380.

654.

Idem.