La femme insaisissable

Rendue divine, la femme chez Aragon semble souvent un objet de quête jamais atteint, et qui fuit inlassablement entre ses mains. Elle devient une femme reflet, d’autant plus que le verre ou le miroir est un élément fréquent dans l’œuvre de ce poète, sous la forme d’une surface sensuelle laissant revivre le plaisir dans son aspect le plus illusoire. En effet, l’objet du plaisir du héros, ici la femme, est généralement renvoyé par la glace. Tel est le cas dans cet exemple où nous relevons une métaphore in absentia :

‘Il arrive qu’on rentre chez soi tard dans la nuit, ayant croisé je ne sais combien de ces miroitements désirables, sans avoir tenté de s’emparer d’une seule de ces vies imprudemment laissées à ma portée.’ ‘(« Préface à une mythologie moderne, Le paysan de Paris, p.12)’

Représenté comme un reflet, l’être féminin reste perpétuellement hors de la portée du héros, vu qu’elle est un simple mirage qui éveille le désir sans le satisfaire. De surcroît, cet être devient une source de lumière, voire la lumière elle-même, comme dans cet extrait :

‘[…] regardez passer les femmes. Ce sont de grands morceaux de lueurs, des éclats […].’ ‘(« Préface à une mythologie moderne », Le paysan de Paris, p.12)’