L’équivoque des lieux

Dans les années vingt, les surréalistes contribuent à la mise en place d’une nouvelle poétique du paysage urbain. Sans réinventer totalement ce dernier, ils reprennent, au contraire, tous les éléments réels le constituant, pour les représenter différemment, par l’intermédiaire d’un regard neuf, capable de saisir une touche du merveilleux dans le spectacle quotidien. En effet, ils semblent toujours prêts à s’émerveiller face à un évènement qui s’est déroulé par surprise, ou lors d’une rencontre imprévue, ou suite à une aventure faisant irruption soudainement. La ville, et surtout Paris, avec tous ses composants (rues, enseignes, boutiques et passages), ainsi que la nature, même dans ses formes artificielles (parcs et jardins) sont considérés comme les hauts lieux surréalistes. Et quoique réels et pouvant être géographiquement localisés, ils sont pourtant métamorphosés grâce à la vision transformatrice du spectateur surréaliste, d’où, « Breton fait état de la suprématie de ce rapport étroit entre la poésie et la vie, entre l’écrit et le vécu, sa vie durant […] » 717 .

Notes
717.

K. ISHIKAWA, Paris dans quatre textes narratifs du surréalisme, Paris, l’Harmattan 1998, p.56.