2.2.2. Fonctions exécutives

Une revue de littérature récente indique que parmi les facteurs qui semblent expliquer l’augmentation du risque d’accident chez les conducteurs âgés, la dégradation des fonctions exécutives occupe la place la plus importante. Cette méta-analyse montre également que de faibles corrélations entre le risque d’accident et la vitesse de traitement sont rapportées dans la littérature surtout lorsque les mesures de la vitesse de traitement sont réalisées à partir de temps de réaction simples. Il semblerait que les mesures à partir de temps de réaction de choix donnent de meilleures corrélations, mais les auteurs n’ont pas trouvé une fiabilité importante entre les différentes études.

Daigneault et al.ont réalisé une étude sur le lien entre les déficits exécutifs rencontrés dans le vieillissement normal et le risque pour ces conducteurs. Le but de l’étude était double : d’une part, il s’agissait de comparer les performances à des tâches impliquant les fonctions exécutives, de deux groupes de conducteurs âgés, un groupe qui a eu au moins un accident dans les cinq dernières années, avec un groupe qui n'a pas eu d'accident ; d’autre part, les auteurs ont cherché à étudier les relations entre les accidents et les performances à des tests neuropsychologiques de mesure des fonctions exécutives et des comportements à risque. Les résultats indiquent, sur la base de questionnaires, que les conducteurs âgés affirment réduire considérablement leur prise de risque lorsqu’ils sont au volant, en conduisant moins vite, moins longtemps et en évitant certaines situations (pluie, conduite nocturne, trafic dense…). Cependant, parmi les participants qui ont eu au moins un accident dans les cinq dernières années, 26.6% ont affirmé n'avoir eu aucun accident. De plus, la comparaison entre les deux groupes de conducteurs sur les performances aux tests exécutifs indique des différences significatives au test de Stroop ainsi qu’au test de la Tour de Londres, mais pas au WCST, ni au Color Trail Test, variante du TMT utilisant l’alternance entre des couleurs à la place de l’alternance entre des lettres et des chiffres. Les résultats de cette étude indiquent donc que les conducteurs qui ont eu au moins un accident ont plus de déficits exécutifs que les autres. Cependant, les auteurs ne s’interrogent pas sur les différences obtenues entre les tests. Il semblerait donc que certaines capacités exécutives soient spécifiquement atteintes et que ce soient ces atteintes particulières qui tendent à faire augmenter le risque d’accident chez les conducteurs âgés.

Par ailleurs, De Raedt et Ponjaert-Kristoffersen , dans une étude citée plus haut, ont utilisé une large batterie de tests neuropsychologiques afin d’étudier le lien entre des tests cognitifs, le risque d’accident et la performance à un test de conduite sur route chez des conducteurs âgés. Les auteurs indiquent que, après le CVU, c’est la composante de flexibilité mentale qui explique le mieux la performance au test sur route (30 % de variance commune). Cependant cette flexibilité ne partage que 13% de variance avec le risque d’accident. Toutefois, la tâche sélectionnée pour mesurer la flexibilité mentale était une tâche relativement complexe qui mélangeait à la fois des stimuli visuels et auditifs. Il y avait donc un changement de modalité et les deux tâches devaient aussi être réalisées en condition simultanée, c'est-à-dire en ajoutant une composante d’attention divisée. Il ne s’agit donc pas vraiment d’une tâche de mesure exclusive de la flexibilité. C’est pourtant à notre connaissance, la seule étude qui confrontait explicitement une mesure de la flexibilité mentale à la performance de conduite.