2.3 Synthèse

En définitive, le vieillissement « normal » s’accompagne de premières modifications sur le plan psychologique et cognitif. En effet, les adultes âgés présentent une dégradation légère mais significative des fonctions perceptives, comme la vision ou l’audition (composantes indispensables à la réalisation de la conduite automobile), des fonctions attentionnelles, mais aussi des fonctions exécutives. Seulement, il ne faut pas oublier que l’une des particularités essentielles du vieillissement, c’est son caractère différentiel : il existe de très grandes différences inter- et intra-individuelles au sein du vieillissement cognitif. Il est également important de ne pas imaginer un organisme vieillissant comme un organisme qui fonctionne moins bien, mais plutôt comme un organisme qui fonctionne différemment avec ses accumulations d’expériences.

Le conducteur âgé est aujourd’hui un sujet d’étude particulièrement répandu dans la littérature scientifique, et pas seulement dans la littérature spécialisée dans les domaines de la sécurité des transports. En effet, de nombreuses revues de psychologie et de neuropsychologie publient régulièrement des articles concernant les âgés face à la conduite automobile. Bien que la plupart indique que les conducteurs âgés présentent des risques d’accident plus importants, certains ont montré que les conducteurs âgés étaient capables de mettre en place des stratégies de compensation et d’adaptation. Le modèle de Brouwer (2002) permet également de rendre compte de ces possibilités de compensation et d’adaptation. L’expérience et l’accumulation de connaissances permettent au conducteur âgé d’acquérir un « savoir-faire au volant » pouvant lui permettre de compenser l’apparition de déficits exécutifs intervenant aux niveaux tactiques et opérationnels. Pour mettre en place ces stratégies de compensation, le conducteur doit cependant être conscient des difficultés qu’il peut rencontrer. Si c’est effectivement le cas dans le vieillissement normal, cela semble poser quelques problèmes dans des pathologies dégénératives comme la maladie d’Alzheimer, où le patient ne prend pas immédiatement conscience des déficits qu’il peut rencontrer et en particulier dans les stades précoces de la maladie.