Chapitre 3. Maladie d’Alzheimer et conduite automobile

1. Qu’est ce que « la Maladie d’Alzheimer » ?

Le 8 avril 1906, décédait Auguste Deter, 55 ans, la patiente du neurologue allemand Alois Alzheimer. Alzheimer autopsia son cerveau et y découvrit les plaques brunes et les « écheveaux » responsables de la détérioration cognitive de la malade et de ses pertes de mémoire si connues aujourd’hui sous le nom de la maladie qui porte son nom .

La maladie d’Alzheimer est souvent associée au terme de démence. Etymologiquement « de-mens » signifie « qui est privé de son esprit ». Le sens actuel de démence correspond à « un syndrome important, grave et définitif, mais commun à différentes maladies mentales » . C’est une pathologie du système nerveux central qui se caractérise cliniquement par une démence progressive, définie par l’association d’un syndrome démentiel, une détérioration progressive des fonctions cognitives avec un retentissement significatif sur les activités sociales et professionnelles du malade et l’existence de lésions cérébrales spécifiques . La maladie d’Alzheimer correspond à la forme de démence la plus fréquente. Elle est conçue aujourd’hui comme un syndrome, constitué de troubles cognitifs et psycho-comportementaux particuliers .

Si, au début du vingtième siècle, on pensait que le vieillissement pathologique, comme la maladie d'Alzheimer, était un processus en continuité avec le vieillissement normal, on a écarté aujourd’hui cette idée. En effet, avec la découverte dans les années 70 de l’altération importante des systèmes de neurotransmetteurs et l’utilisation plus répandue des techniques d’imagerie, on a montré que ce continuum n’était pas envisageable. Eustache et al.ont, par exemple, montré grâce à une étude en TEP (tomographie par émissions de positons) que les déficits décelés lors d’un test de mémoire épisodique ont pour origine une diminution du métabolisme dans des régions cérébrales différentes pour la maladie d'Alzheimer et pour le vieillissement normal.

Ce chapitre a pour but de donner une description détaillée de cette maladie, qui touche de plus en plus de personnes âgées, et de ses symptômes. Nous montrerons que si le trouble de mémoire est celui qui mène au diagnostic, ce sont d’autres troubles précoces qui vont particulièrement nous intéresser dans le cadre de la conduite automobile : les troubles attentionnels et exécutifs, puisqu’on s’accorde à dire aujourd’hui que la maladie d’Alzheimer s’accompagne de troubles du fonctionnement exécutif de manière précoce . Après ces descriptions symptomatiques et quelques données anatomiques, nous nous focaliserons sur le déficit exécutif. Enfin, dans la dernière section, nous présenterons les données actuelles de la littérature sur le lien entre conduite automobile et maladie d’Alzheimer. Tout au long de ce chapitre, ainsi que dans les suivants, nous nous focaliserons uniquement sur le stade débutant de la maladie, c'est-à-dire le stade pour lequel le patient est toujours autonome et indépendant, vit à domicile et utilise encore régulièrement son véhicule.