7. Synthèse des résultats

Cette étude expérimentale sur le vieillissement normal du fonctionnement exécutif a montré plusieurs résultats principaux. Tout d’abord, le vieillissement normal s’accompagne de modifications cognitives globales qui entrainent une baisse des performances aux tests globaux du fonctionnement exécutif, tels le TMT, le WCST, le test de Brixton ainsi que la double tâche de Baddeley. Les participants âgés ont en effet obtenu à ces différents tests des performances significativement moins bonnes que celles des jeunes, ceci en termes de temps de réponse. Cependant, les participants âgés n’ont pas réalisé significativement plus d’erreurs que les jeunes.

Ensuite, les trois composantes exécutives évaluées, la flexibilité mentale, la mise à jour des informations en mémoire de travail et l’inhibition des réponses automatiques, ne subissent pas de manière équivalente les effets du vieillissement. En effet, la mise à jour, évaluée avec une tâche de n-back et l’inhibition évaluée avec le test de Stroop, montrent des différences significatives entre participants jeunes et âgés alors que la flexibilité, mesurée avec le PMT ne montre pas de différence significative.

Les analyses de régression réalisées nous permettent ensuite de répondre à l’une de nos hypothèses concernant la dépendance des composantes d’après le modèle de Miyake et al. (2000). En effet, les trois composantes exécutives suggérées par Myiake et son équipe sont, au vu de nos résultats, non reliées les unes autres, et les différences observées entre les participants jeunes et âgés en mise à jour et en inhibition ne s’expliquent que par la variable « groupe d’âge » et non par les autres composantes exécutives, ni par un ralentissement cognitif.

Enfin, en ce qui concerne la conduite automobile, les situations expérimentales qui ont été proposées aux participants indiquent des résultats similaires à ceux obtenus avec les épreuves neuropsychologiques. Les participants âgés ne présentent pas de déficits de flexibilité mentale, alors que les situations de mise à jour et d’inhibition indiquent des performances dégradées dans le vieillissement. Cependant la variable d’inhibition en situation de conduite n’est pas corrélée à l’épreuve neuropsychologique évaluant l’inhibition (Le test de Stroop). Cette situation de conduite est donc à interpréter de manière isolée car l’analyse de régression réalisée ne permet pas de montrer qu’il s’agissait clairement de la mise en œuvre de processus d’inhibition, tels que nous les avons mesurés avec le test de Stroop.

Par ailleurs, la variable de vitesse d’exécution, mesurée avec la tâche de n-back à n=0 ne différencie pas significativement les jeunes des âgés. De plus, cette variable n’est jamais apparue significative dans nos modèles de régression. Ceci indique que les différences, liées à l’âge, observées dans les épreuves neuropsychologiques et en conduite ne peuvent pas être expliquées par cette mesure de vitesse de traitement.

En définitive, Le vieillissement normal s’accompagne de modifications du système exécutif, mais des compensations ont certainement permis aux participants âgés de gérer correctement toutes les situations de conduite, même la situation globale de tourne-à-gauche qui était la plus complexe. Le chapitre suivant va maintenant s’intéresser à ces mêmes situations expérimentales, dans le domaine du vieillissement pathologique.