2.2. La flexibilité en situation de conduite

Le tableau suivant (Tableau 25) présente l’ensemble des données retenues pour les patients et les témoins âgés.

Tableau 25. Résultats à la situation de flexibilité mentale en conduite dans le vieillissement pathologique.
    Patients (n=9)
moyenne (écart-type)
T-Âgés (n=29)
moyenne (écart-type)
Condition 1 : Sans alternance    
  TR-Flex-1 4150.28 (942.33) 1651.09 (716.01)
  ENC-Flex-1 1.55 (1.42) 0.00 (0.00)
  V-Flex-1 100.15 (12.44) 104.99 (10.34)
Condition 2 : Avec Alternance    
  TR‑Flex‑2 4781.39 (1301.07) 1942.92 (781.88)
  ENC‑Flex‑2 4.66 (3.81) 0.31 (0.66)
  EP‑Flex‑2 2.33 (2.95) 0.17 (0.38)
  V‑Flex‑2 96.79 (7.16) 109.03 (12.34)
  FLEXIBILITE 1 631.11 (567.93) 291.81 (326.87)

1 : FLEXIBILITE = (TR-Flex-2) – (TR-Flex-1)

Afin d’évaluer comment la maladie d’Alzheimer pouvait retentir sur la capacité de flexibilité mentale en conduite, nous avons réalisé une ANOVA à mesures répétées avec 2 facteurs : un facteur inter-sujet (statut du participant, patient / témoin âgé) et un facteur intra-sujet (condition expérimentale, avec / sans flexibilité).

Nous observons un effet principal significatif du statut [F (1, <37) = 87.04, p < 0.001] indiquant que les patients Alzheimer ont des temps de réponses globalement plus longs que les participants âgés sains. Nous observons également un effet significatif de la condition [F (1, 37) = 20.42, p < 0.001] montrant que les participants ont été globalement moins rapides dans la partie avec flexibilité que dans la partie sans flexibilité. Enfin, nous observons un effet d’interaction significatif entre la condition et le statut [F (1, 37) = 4.93, p < 0.05]. Cette interaction indique que les patients ont été significativement plus lents que les contrôles âgés et que leur baisse de performance a été d’autant plus importante qu’ils étaient en condition avec alternance.

De plus, une comparaison de moyenne sur la variable de flexibilité indique que les patients ont une performance significativement moins bonne que les témoins âgés (Flexibilité, t(37) = 1.47, p < 0.05).

En condition sans alternance, les patients Alzheimer n’ont pas réalisé significativement plus d’erreurs non corrigées que les contrôles âgés qui n’en font aucune (ENC-Flex-1, = 47.85, p > 0.05). En revanche, en condition avec alternance, l’analyse non paramétrique indique que les patients déments ont réalisé significativement plus d’erreurs non corrigées (ENC-Flex-2, = 23.5, p < 0.001) mais également plus d’erreurs persévératives (EP-Flex-2, = 53.5, p < 0.01). Les patients, en plus d’être ralentis significativement par rapport aux contrôles âgés, effectuent également plus d’erreurs par défaut de flexibilité mentale.

L’analyse de la vitesse (Figure 9) nous apporte également des résultats intéressants concernant les performances des patients par rapport à celles des âgés. En effet, comme cela a été expliqué précédemment, la consigne était pour chaque participant de conduire à 90 km/h et de respecter cette limitation (pour rappel, le simulateur était équipé, comme un véhicule normal, d’un compteur de vitesse analogique). Nous avons réalisé une ANOVA à mesures répétées avec 2 facteurs : un facteur inter sujet (statut du participant : patient / témoin âgé) et un facteur intra-sujet (condition expérimentale : avec / sans flexibilité). Cette analyse indique tout d’abord un effet principal du statut [F (1, 37) = 23.6, p < 0.001] indiquant que les patients ont globalement conduit moins vite que les témoins âgés quelle que soit la condition. En revanche, nous n’observons pas d’effet principal de la condition [F (1, 37) = 0.178, p > 0.05]. Les participants n’ont globalement pas réduit leur vitesse entre les deux conditions. Enfin, l’analyse indique qu’il y a une interaction significative entre la condition et le statut [F (1, 37) = 7.88, p < 0.01]. Ceci signifie que lorsque patients réduisent leur vitesse dans la condition avec flexibilité, les contrôles l’augmentent significativement, ce qui est bien visible sur la Figure 9.

Figure 9. Vitesse moyenne du véhicule en situation de flexibilité, en fonction des conditions expérimentales.

En résumé, les deux types d’évaluation de la flexibilité indiquent que cette composante exécutive est significativement altérée dans la maladie d’Alzheimer. De plus, les deux mesures de flexibilité sont significativement corrélées (r = 0.409, p < 0.05).