4.2. L’inhibition en situation de conduite

Le Tableau 29 est un récapitulatif des données mesurées pour la tâche d’inhibition en situation de conduite pour les patients et le groupe de témoins âgés. Cette situation de conduite où il fallait conduire le plus rapidement possible et s’arrêter parfois brusquement a été difficile à réaliser pour les participants et seuls 7 patients (sur 10) et 20 contrôles âgés (sur 29) ont terminé l’ensemble de la passation de cette tâche.

Tableau 29. Résultats à la situation d’inhibition en conduite dans le vieillissement pathologique.
  Patients (n=7)
moyenne (écart-type)
T-Âgés (n=20)
moyenne (écart-type)
p
V-Inh-Glob (en km/h) 53.54 (4.51) 55.76 (4.11) n.s.
Tps-Inh-Glob (en min) 21.14 (1.89) 20.06 (1.25) n.s.
Erreurs  
Stop-BO (max=5) 3.20 (1.75) 0.89 (1.08) < 0.001
Go-BF (max=5) 2.50 (1.78) 0.89 (1.26) < 0.01
Stop-BF (max=20) 1.50 (2.12) 0.24 (0.57) n.s.
Go-BO (max=20) 0.50 (1.70) 0.03 (0.18) n.s.
INHIBITION 1 5.70 (3.16) 1.79 (1.80) < 0.001

1 : INHIBITION = Stop-BO + Go-BF

L’analyse de la vitesse du véhicule et du temps de parcours indiquent que les patients n’ont pas mis significativement plus de temps que les participants âgés à réaliser le parcours (Tps-Inh-Glob, t(25) = 1.71, p > 0.05) et qu’ils n’ont pas conduit significativement moins vite que les participants âgés (V-Inh-Glob, t(25) = 1.43, p > 0.05). Ce résultat indique que les patients, outre une difficulté à inhiber correctement les messages non pertinents, n’ont pas réduit leur vitesse afin d’être capable de gérer cette situation complexe. En effet, l’analyse non paramétrique des erreurs révèlent que les patients ont des scores qui ne diffèrent pas significativement de ceux des participants âgés en ce qui concerne les erreurs simples (Stop-BF, U = 102.00, p > 0.05 ; Go-BO, U = 91.00, p > 0.05). En revanche, en ce qui concerne les scores de défaut d’inhibition, les patients ont réalisé des performances significativement moins bonnes que les participants âgés, quelle que ce soit la condition (Stop-BO, U = 21.01, p < 0.001 ; Go-BF, U = 43.50, p < 0.01). De plus, la variable d’inhibition est également globalement détériorée chez les patients par rapport aux participants âgés (Inhibition, U = 41.0, p < 0.001).

Les patients avec démence Alzheimer ont donc des difficultés importantes à inhiber le message qui s’affiche, que ce soit un message « Stop » ou un message « Go ». Les participants âgés avaient uniquement des difficultés à inhiber le message « Stop », c'est-à-dire qu’ils s’arrêtaient par excès de prudence pour ne pas risquer de passer à une barrière qui aurait pu se fermer. En revanche ils ne renversaient que très peu de barrières fermées signalée par un message « Go », alors que les patients font significativement plus souvent cette erreur. Les troubles d’inhibition que présentent les patients sont donc nettement plus importants que ceux montrés par les participants âgés.

En résumé, contrairement aux résultats obtenus dans le vieillissement normal, dans le cas de la maladie d’Alzheimer, notre situation de conduite s’est avérée suffisamment sensible pour détecter des différences entre conducteurs âgés sains et conducteurs avec maladie d'Alzheimer. De plus, les deux mesures distinctes d’inhibition, en situation de laboratoire (test de Stroop) et en situation de conduite sont significativement corrélées (r = 0.298, p < 0.05). Ce résultat indique que la situation de conduite mise au point dans le simulateur peut être une bonne mesure de l’inhibition.