2.1. Flexibilité mentale

En ce qui concerne tout d’abord la flexibilité mentale, les résultats que nous avons obtenus sont en accord avec ceux obtenus par l’évaluation neuropsychologique. En effet, les participants âgés ne présentent pas de déficits spécifiques de la flexibilité lorsque celle-ci est évaluée en situation de conduite. La tâche consistait à donner le plus rapidement possible la forme ou la couleur d’un panneau de signalisation en fonction de sa localisation sur les côtés de la route. Il est intéressant de noter que globalement les participants âgés ont été plus lents que les participants jeunes pour répondre à l’apparition des stimuli, c'est-à-dire que même dans la condition où il n’y avait pas de demande en flexibilité, les participants âgés ont répondu moins vite que les participants jeunes. Mais la différence de performances entre la condition qui demandait une alternance systématique et celle qui n’en demandait pas n’apparaît pas détériorée chez les conducteurs âgés. Ils ne présentaient donc pas de troubles spécifiquement liés à la composante de flexibilité. La tâche que nous avons proposée aux participants était une tâche très simple, puisqu’il s’agissait pour les participants de nommer la couleur ou la forme d’un panneau. Cette tâche était tout à fait inhabituelle dans une situation de conduite, alors que le processus de reconnaissance et d’indentification d’un panneau de signalisation est quant à lui automatisé. Notre tâche a donc entrainé une implication plus importante du système exécutif. Par ailleurs, nous avons proposé comme hypothèse concernant cette situation de conduite, que les participants âgés qui seraient en difficulté pour réaliser cette tâche développeraient un comportement de compensation, en réduisant leur vitesse par exemple. Les résultats indiquent que ce n’est pas le cas puisqu’en moyenne, les participants âgés ont conduit aussi rapidement que les participants jeunes quelle que soit la condition. Ils ont également conduit plus vite dans la situation demandant une alternance que dans la situation simple. Les participants ont tous passé les conditions dans le même ordre, en commençant par la situation sans flexibilité, ce qui nous a permis d’observer cet effet d’entrainement de la conduite sur le simulateur. La différence de performance entre les deux conditions n’apparaît cependant pas significative. Les conducteurs âgés ne se sont donc pas trouvés en difficulté particulière pour réaliser cette tâche non routinière. Ceci nous permet de valider notre hypothèse concernant le vieillissement de la composante de flexibilité : dans le vieillissement normal, la flexibilité mentale n’est pas altérée. Ce résultat est particulièrement intéressant à souligner, car dans un contexte de conduite, cette composante est très importante, puisqu’un conducteur doit être en mesure d’alterner dans le traitement des différentes informations provenant de la scène routière. Il doit également être capable d’alterner entre des séquences de comportements automatisées et des séquences contrôlées. Cette alternance est en effet indispensable pour une conduite sécuritaire et nous verrons que c’est ce type de difficultés qui peut rendre la conduite non sécuritaire dans le vieillissement pathologique.