2.2. Mise à jour

La composante de mise à jour des informations en mémoire de travail a quant à elle été évaluée au moyen d’une tâche de rappel de panneaux de la circulation. Les participants devaient rappeler les trois derniers panneaux d’une série de panneaux de longueur inconnue. Les résultats indiquent que les participants âgés ont rappelé significativement moins de panneaux que les participants jeunes. Ce résultat est également en accord avec ceux que nous avons obtenu dans l’évaluation neuropsychologique de la mise à jour, dans laquelle les âgés étaient plus lents que les jeunes dans le test de n-back ; ils avaient également réalisé un nombre significativement plus grand d’erreurs non corrigées en condition n = 2. Van der Linden et al.avaient montré que les âgés présentaient des déficits de mise à jour uniquement lorsque le nombre d’informations à retenir et à mettre à jour était suffisamment important, c’est à dire à partir de six items. Dans notre tâche de mise à jour en situation de conduite, la tâche était pourtant de ne retenir que les trois derniers panneaux, ce qui représente finalement peu d’informations. Il est donc possible que le fait d’avoir placé les participants en situation de conduite et d’avoir ajouté la tâche de mise à jour ait rendu cette tâche plus complexe. Cependant, nous n’avons pas observé de diminution de la vitesse de conduite des participants, qui auraient pu compenser leur difficulté à retenir les informations en réduisant leur vitesse. De plus, les écarts-types calculés sur les moyennes de scores des participant jeunes et âgés sont également assez modérés (respectivement, 1.31 et 2.15) ce qui indique que les résultats sont homogènes au sein des deux groupes. Ces résultats nous amènent à nous questionner sur la capacité des âgés à tenir compte des informations routières qui leur sont transmises par les panneaux. En effet, en situation réelle de conduite, les panneaux sont très fréquents sur l’ensemble du réseau routier et doivent être mémorisés et mis à jour en permanence et ceci en parallèle par rapport au reste de l’activité de conduite. Par exemple, si le conducteur rencontre successivement un panneau de limitation de vitesse, un panneau d’interdiction de dépasser, un panneau de fin du caractère prioritaire de la route et un quatrième panneau de fin d’interdiction de doubler, il doit être capable de mettre à jour correctement les informations contenues en mémoire et savoir que l’interdiction de doubler n’est plus une information active, mais qu’en revanche le premier panneau vu, la limitation de vitesse, ainsi que le troisième, la fin du caractère prioritaire de la route, ont toujours cours. Si un conducteur âgé présente des difficultés à mémoriser les trois derniers panneaux rencontrés, il risque d’oublier que la limitation de vitesse a toujours cours et qu’il ne se situe plus sur une route prioritaire, et cela peut le mettre en situation de danger potentiel. A notre connaissance, aucune étude n’avait précédemment mis en évidence ce possible déficit. Il serait intéressant de mettre en relation cette dégradation de la mise à jour des informations en mémoire de travail, mise en évidence sur le simulateur de conduite avec une situation réelle de conduite. En effet, il est possible que des difficultés rencontrées par des conducteurs âgés soient en partie dues à des difficultés dans le maintien en mémoire de travail des informations disponibles dans l’environnement routier.