Problématique

Suite à l’élan considérable des nouvelles technologies de communication et au développement de leurs supports médiatiques (télévision par satellite, radio, Internet, presse), les frontières géographiques et politiques ont quasi disparu.

Les pays émetteurs de ces nouveaux outils de communication ne sont plus les uniques consommateurs. Certaines nations, notamment les pays arabes, accèdent à ces médias qui sont importés la plupart du temps sans autorisation ni contrôle des pouvoirs établis. Il en résulte que le téléspectateur arabe se retrouve face à un paysage audiovisuel tout à fait nouveau et étranger.

Cette situation engendre diverses questions, que nous tenterons d'évoquer dans notre sujet de recherche intitulé : «La télévision par satellite dans le monde arabeet leurs influences sur les téléspectateurs syriens ».

Afin d’appréhender ces interactions entre les nouveaux outils médiatiques et leur public syrien, nous nous concentrerons sur l'impact des chaînes d'information continues diffusées dans le monde arabophone.

Pour mener à bien notre étude et afin d'étayer nos propos par des exemples précis et concrets, nous nous appuierons, tout au long de la réflexion, sur le cas de l'actuel paysage télévisuel en Syrie.

Notre recherche se déroule autour de quatre axes principaux, caractérisant les différentes étapes de l'interaction entre le média et son public : La réception, l'audience, les usages, et l'appropriation. Ainsi nous examinerons les nouvelles relations et les habitudes engendrées par la diffusion de programmes émanant des chaînes satellitaires étrangères chez le téléspectateur syrien. Par ailleurs, il nous faudra aussi nous pencher sur le problème du monopole étatique et la censure médiatique.

La réception des chaînes satellitaires internationales crée un nouveau paysage télévisuel et médiatique chez les nations arabes.

En Syrie, sujet de notre recherche, l’environnement médiatique se compose des chaînes hertziennes « traditionnelles », de chaînes satellitaires arabes et occidentales, mais aussi de la première chaîne satellitaire syrienne, fondée en 1996.

Suite à l'introduction de ces outils d'information et de diffusion, nous observons l'émergence d'un nouveau système «médiatico-politique », configuré par des structures et acteurs publics et privés, arabes et étrangers. Comment ces différentes entités et autorités s'accordent-elles ?

Quelles répercussions concrètes, les émissions satellitaires étrangères ont-elles eu sur les téléspectateurs syriens ? Ont-elles :

  • Affaibli le rôle du pouvoir politique dans le monopole du discours médiatique guidé qui vise le téléspectateur syrien ?
  • Émancipé les sources médiatiques de la censure imposée par les appareils politiques des pouvoirs arabes ?
  • Fait évoluer les relations entre les citoyens arabes et leurs autorités ?
  • Favorisé une plus grande ouverture sur le monde et renforcé l'interactivité avec celui-ci ?
  • Accru et facilité les relations interactives entre le téléspectateur syrien et les outils de communication ?
  • Rapproché les différents peuples arabophones ?
  • Amélioré la qualité des médias arabes, en diversifiant leurs programmes et en améliorant les compétences du personnel?

Par ailleurs, nous pourrons également nous demander si certaines de ces transformations ne s'opèrent pas au détriment du téléspectateur syrien :

  • Y a-t-il un risque de dépendance par rapport aux sources étrangères d'informations et cela même à l’échelle nationale?
  • Cette dépendance peut-elle s’enraciner dans la société syrienne en évitant toute critique interne ?
  • Peut-il en résulter une « évasion, voire une aliénation médiatique» des masses arabophones non instruites, victimes d'un décalage entre leur environnements sociopolitiques et les informations étrangères ?
  • Les agendas des médias étrangers pourront-ils déterminer la classification des priorités des informations emportées ?