1.2.3.4 Une théorie cognitive

Une théorie psychologique en particulier est devenue incontournable au début des années 90 et est extrêmement performante pour expliquer les déficits sociaux caractéristiques et universels de l’autisme. Simon Baron-Cohen, Alan Leslie et Uta Frith (1985) ont suggéré que la triade de déficits du syndrome autistique résulte d’un déficit d’une capacité mentale spécifiquement humaine : la lecture de l’esprit (mind-reading). Les enfants à développement typique, autour de l’âge de 4 ans, comprennent que les autres ont des croyances et des désirs au sujet du monde et que ce sont ces états mentaux (plutôt que l’état physique du monde) qui déterminent les comportements des autres. La théorie de l’esprit comme racine de l’autisme fait l’hypothèse que les personnes souffrant d’autisme n’auraient pas cette capacité de penser aux pensées des autres et seraient ainsi spécifiquement déficitaires dans certaines compétences sociales, communicatives et imaginatives (mais pas toutes). Baron-Cohen et al. (1985) ont emprunté la définition et le terme de théorie de l’esprit, proposé initialement par Premack & Woodruff (1978). Pour avoir une théorie de l’esprit, il faut être capable d’attribuer des états mentaux, indépendamment, à soi-même et aux autres afin de pouvoir comprendre et prédire les comportements. Il est important de noter qu’il s’agit non pas d’une théorie consciente mais d’un mécanisme cognitif inné permettant une représentation particulière – la représentation des états mentaux.