1.3.1.1.2 Le détecteur de direction des yeux – EDD (Eye-Direction Detector)

Contrairement à ID, le détecteur de direction du regard (EDD) fonctionne seulement sur la base visuelle. EDD a trois fonctions de base. Il permet à l’enfant de détecter la présence des yeux (ou tout stimulus ressemblant à des yeux). Plusieurs études (Maurer & Barrera, 1981 ; Haith, Bergman & Moore, 1977 ; Hainfline, 1978) ont montré que les bébés préfèrent regarder les yeux plutôt que les autres parties du visage. La seconde chose que fait EDD est d’évaluer si les yeux sont dirigés vers soi (l’enfant) ou ailleurs. Lorsque des yeux regardent en direction de ceux du bébé, alors EDD l’enregistre. En terme évolutionniste, il est important de savoir qu’on est dans le champ visuel d’un autre organisme. Plusieurs études (Papousek et Papousek, 1979) ont montré que les bébés regardent plus longtemps un visage qui les regarde plutôt qu’un visage qui regarde ailleurs. Ainsi, ils sont capables de faire la distinction entre des yeux qui les regardent ou non, même si le visage est dirigé vers l’enfant (Butterworth, 1991 ; Vecera & Johnson, 1995). Enfin, si les yeux sont dirigés vers un objet, EDD permet à l’enfant d’inférer que le sujet voit cet objet. Cette dernière fonction permet au bébé d’attribuer un état perceptif à autrui (par exemple, maman me voit). L’enfant généralise à autrui par analogie, il infère de sa propre expérience (« je vois maman » et « maman me voit »). Il interprète en termes de ce que voit l’agent et non pas, comme ID, en termes volitionnels.

ID et EDD sont deux mécanismes utiles, mais ne permettent de créer que des représentations limitées du type, « l’agent veut la nourriture » ou « l’agent me voit ». Ces représentations sont dites dyadiques, car elles précisent seulement une relation intentionnelle (c’est-à-dire mentaliste) entre deux objets (agent et objet ou agent et sujet). Bien que ce type de représentations mène déjà loin, il manque à l’individu que lui et autrui s’intéresse à la même chose ou événement. Sans ce pas décisif, l’individu vit dans le même monde qu’un autiste. Il a des impressions et des images de personnes qui agissent, désirent ou voient des choses mais il lui est impossible de savoir si lui et les autres s’intéressent ou pensent à la même chose.