1.3.1.1.5 Les relations entre les 4 mécanismes

Mais comment ToMM est-il relié aux trois autres mécanismes ? Nous avons vu, plus haut que ID et EDD représentent des relations dyadiques et que SAM crée des représentations triadiques à partir des représentations dyadiques de ID et EDD (voir figure RR). ToMM doit recevoir des informations de ID et EDD afin d’intégrer les états mentaux de ces deux mécanismes dans une théorie utilitaire. Ce transfert d’informations passe par SAM car les relations triadiques produites incluent des termes d’états mentaux (comme désirer, être attentif à, avoir pour but, se référer à). ToMM se développe en prenant les relations triadiques de SAM et en les convertissant en M-representation. Ainsi sans SAM, il n’y a pas de ToMM (Baron-Cohen, 1995).

Il faut aussi envisager l’acquisition de la théorie de l’esprit d’un point de vue développemental. Ainsi, de la naissance à 9 mois, l’enfant n’a que ID et les fonctions de bases de EDD. Les seules formes de représentations qu’il peut construire sont dyadiques. Lors de la seconde période, environ entre 9 et 18 mois, SAM se met en place. Il s’agit d’un changement qualitatif. L’enfant peut désormais construire des représentations triadiques qui rendent l’attention conjointe possible. De plus, SAM lie ID et EDD, ce qui permet à l’enfant de lire la direction du regard en termes d’états mentaux. Enfin, lors de la troisième période, en gros de 18 à 48 mois, impulsée par SAM, ToMM se met en place progressivement à partir du début du jeu « faire semblant ». Cette étape est un nouveau changement qualitatif. L’enfant commence à prendre conscience de ses propres états épistémiques ainsi que ceux des autres. Pendant deux ans, il va progresser de l’état épistémique de « faire semblant » vers ceux de « savoir », puis de « croire ». L’enfant y parvient en construisant des M-Représentations. Cette chronologie de l’apparition des quatre mécanismes de la théorie de l’esprit ne signifie pas qu’il y a remplacement, mais que les mécanismes apparaissent les uns après les autres et qu’ils fonctionnent ensemble. Il y a néanmoins une grande différence entre les trois premiers mécanismes et ToMM. ID, EDD et SAM possèdent deux des propriétés de l’intentionnalité – être à propos de quelque chose et l’aspectualité –, mais c’est avec ToMM qu’apparaît l’opacité référentielle (Perner, 1991) qui est la troisième caractéristique des représentations intentionnelles. Ainsi, Baron-Cohen (1995/1998) conclut que ToMM tout à la fois est plus souple que les autres mécanismes et peut représenter un plus large ensemble de termes d’états mentaux.