1.2.4.1.4 Imitation

En discutant plus haut des différents rôles des neurones miroirs dans les différentes capacités, nous avons fait quelques références à une sorte de phénomène d’imitation (« se placer dans les chaussures de l’autre »). On pourrait penser que le rôle fonctionnel évident des neurones miroirs pourrait résider dans l’imitation (dans le cas où l’output des neurones miroirs ne soient pas inhibés). Cependant, étant donné qu’il existe peu de signes d’imitation chez les singes (Visalberghi & Fragaszy, 1990 ; Whiten & Ham, 1992), Gallese et Goldman (1998) suggèrent que chez les singes, le fonctionnement des neurones miroirs facilite la compréhension sociale des autres. Il ne s’agit pas de considérer le système des neurones miroirs comme l’équivalent de la théorie de l’esprit mais plutôt comme une fondation qui permet le développement de la théorie de l’esprit chez les humains. Williams et al (2001) suggèrent que le développement de l’imitation chez les humains utilise un système de neurones miroirs déjà existant, même si ses utilisations précédentes restaient généralisées à la compréhension sociale.

Si Gallese et Goldman (1998) ont raison sur les fonctions des neurones miroirs chez les singes, certaines capacités additionnelles ont dû évoluer avant que les neurones miroirs puissent soutenir les fonctions imitatives ou les fonctions de théorie de l’esprit. Williams et al (2001) vont même jusqu’à imaginer que ces facteurs additionnels sont responsables des volumes corticaux grandissants des grands singes et des humains et que des capacités représentationnelles leur sont associées. La question actuelle est de savoir si les neurones miroirs fournissent les fondations clés de la capacité d’imitation et de la théorie de l’esprit. Si Rogers et Pennington (1991) ont raison sur les liens entre l’imitation et la théorie de l’esprit, alors on peut s’attendre à ce que les neurones miroirs jouent un rôle important entre l’imitation précoce et une théorie de l’esprit élaborée. Cette hypothèse est concordante avec celle de Gallese et Goldman (1998) selon laquelle les neurones miroirs et la théorie de l’esprit sont liés.