1.3.4.2 Neurones miroirs et autisme

Ces différentes idées amènent à penser qu’un dysfonctionnement dans le système des neurones miroirs pourrait conduire à la constellation de facteurs cliniques qui constitue le syndrome autistique. L’hypothèse la plus simple serait qu’il y aurait un dysfonctionnement ou une distorsion dans le développement du système des neurones miroirs. Ce dysfonctionnement pourrait être dû à des causes génétiques ou endogènes, à des conditions externes au fonctionnement des neurones miroirs ou à l’interaction de différents systèmes de neurones miroirs. Ces différents facteurs affecteraient soit la totalité des groupes des neurones miroirs soit une petite partie des neurones miroirs qui sont confinés dans le cortex pariétal (Williams et al, 2001). Un déficit complet n’est pas nécessaire, il peut s’agir d’un délai ou d’un développement incomplet.

Si l’on considère les facteurs évoqués plus haut, un tel dysfonctionnement pourrait empêcher ou tout du moins interférer avec l’imitation et même plus fondamentalement, mener à un « déficit de la formation/co-ordination des représentations spécifiques de soi et des autres » (Rogers & Pennington, 1991). Ce déficit serait le noyau de la cascade de problèmes que l’on observe chez les personnes autistes. Cela pourrait à son tour expliquer l’échec du développement des capacités sociales réciproques incluant l’attention conjointe et l’attention partagée, de la reconnaissance gestuelle et du langage (en particuliers les capacités sociales pragmatiques) ainsi que l’échec du développement de l’empathie et de la théorie de l’esprit dans son ensemble.

Ce modèle simple du dysfonctionnement des neurones miroirs et/ou de l’imitation, ne permet cependant pas de tout expliquer dans l’autisme : par exemple, il devrait aussi pouvoir expliquer les comportements et le langage répétitifs, inflexibles et stéréotypés présents dans l’autisme. Dans cette optique, Williams et al (2001) suggèrent que ces derniers facteurs sont le témoignage d’un problème du lien entre la perception et l’action et que cela est concordant avec l’hypothèse d’un dysfonctionnement du système des neurones miroirs.

Pour conclure, dans le développement de l’enfant – humain –, les neurones miroirs sont peut-être l’élément clé facilitant l’imitation précoce des actions, le développement du langage, des fonctions exécutives et de quelques-unes des composantes de la théorie de l’esprit. Une défaillance dans le développement d’un système de neurones miroirsintactpourrait contrecarrer le développement de ces capacités humaines importantes. L’hétérogénéité du syndrome autistique ne plaide cependant pas en faveur d’une seule et unique cause. Néanmoins, certains points communs (commonalities) du syndrome clinique de l’autisme permettent d’envisager la possibilité d’un mécanisme central dysfonctionnel. Si ce mécanisme est un système entraînant une cascade d’effets sur d’autres systèmes, alors son dysfonctionnement entraînerait les symptômes cliniques que l’on observe notamment dans l’autisme.