Chapitre 2 : Communication et langage

Comme nous l’avons expliqué dans le chapitre précédent, le déficit de langage dont les enfants autistes sont atteints est étroitement lié à leur capacité de former ou non des représentations et des métareprésentations (capacité à former une représentation enchâssée dans une autre représentation). Cette incapacité ou peut-être cette difficulté à former des représentations et des métareprésentations a des conséquences non seulement sur le langage mais plus généralement sur la communication, qu’elle soit verbale ou non-verbale. Elle explique aussi pourquoi la communication linguistique des autistes verbaux adultes de haut niveau (sans retard mental) reste déviante (elle est généralement décrite comme « bizarre » par les interlocuteurs), alors même que leur syntaxe et leur sémantique paraissent standard24.

Ce second chapitre a pour objectif de présenter de façon générale, les théories existantes de la communication, puisque les déficits de communication sont centraux dans le syndrome autistique. Nous commencerons ce chapitre en donnant un bref aperçu du modèle du code qui est le modèle traditionnel de la communication verbale. Néanmoins, nous verrons que ce modèle échoue à expliquer la façon dont les êtres humains communiquent réellement. Nous verrons ensuite comment le modèle du code a glissé vers un modèle explicatif plus performant : le modèle inférentiel. Ensuite, nous exposerons les travaux du philosophe Paul Grice qui fut à l’origine du modèle inférentiel et de la théorie des implicatures. Contrairement à son prédécesseur, ce modèle explique le processus de communication comme reposant sur la prise en compte, par les interlocuteurs, de leurs états mentaux respectifs. Par la suite, le modèle gricéen a été décliné selon plusieurs versions dont l’une nous intéressera particulièrement : la théorie de la pertinence de Dan Sperber et Deirdre Wilson (1986,1995). Nous verrons dans un dernier temps comment cette théorie permet d’expliquer la communication, notamment en termes d’états mentaux et comment elle pourrait expliquer, entre autres, le déficit social pragmatique dont sont atteintes les personnes autistes.

Notes
24.

On remarquera cependant qu’une étude récente (Howlins 2003) montre que cette impression n’est pas entièrement justifiée.