3.1.1 Le développement prélinguistique (0-12 mois)

Tout au long de sa première année, la tâche principale de l’enfant, pour l’acquisition du langage, est de reconnaître et de produire les sons de sa langue maternelle. Dès la naissance, l’enfant est capable de discriminer tous les sons qu’il entend, même ceux qui n’appartiennent pas au système phonologique de sa langue. Il perd cette capacité de discrimination entre l’âge de 6 mois et un an, pour se spécialiser uniquement sur les sons utiles (phonèmes) de sa langue maternelle. Malgré ces capacités de discrimination inter-langages précoces, il a été montré que quelques jours après sa naissance, l’enfant présente déjà une nette préférence pour les sons de sa langue maternelle (Mehler et al, 1988).

On observe la même tendance au niveau de la production des premières syllabes. Il semblerait que partout dans le monde, les premiers sons prononcés par les nourrissons soient les mêmes (consonnes nasales et syllabes du type consonne + voyelle, etc.). Petit à petit, le bébé modifie les sons qu’il produit pour se spécialiser dans les sons de sa langue maternelle. Autour de l’âge de 6 mois, l’enfant ne produit plus que les phonèmes existant dans sa langue maternelle. C’est aussi autour de l’âge de 6 mois, que l’enfant commence à imiter les sons que prononcent les personnes de son environnement (parents, frères et sœurs, nourrices etc.). On appelle cette production sonore le babillage. Il est composé de syllabes simples répétées plusieurs fois, comme par exemple les séquences suivantes : /ma/ma/ma/ ou /ba/ba/ba. On observe autour de l’âge de 10-11 mois une complexification du babillage. Les syllabes produites sont plus complexes et moins répétitives et l’enfant produit plus de voyelles différentes (Bertoncini et Boysson-Bardies, 2003). Entre 6 mois et un an, on remarque aussi que la prosodie du bébé s’apparente de plus en plus à celle de sa langue maternelle.