3.4 Conclusion : une co-acquisition du langage et de la théorie de l’esprit.

En conclusion, comme nous l’avons indiqué ci-dessus, il existe de nombreux arguments en faveur d’un lien entre l’acquisition du langage et de la théorie de l’esprit. Tager-Flusberg et de Villiers ont montré que certaines capacités linguistiques conditionnent le développement de la théorie de l’esprit. De mêmes, les travaux de Baron-Cohen laissent entendre que l’acquisition du langage dépend du développement de la théorie de l’esprit. Ainsi, on peut légitimement penser que les théories unidirectionnelles, qu’elles préconisent une influence du langage sur la théorie de l’esprit ou inversement une influence de la théorie de l’esprit pour le développement du langage, sont à écarter. En effet, il devient difficile d’envisager que le langage dépende de la théorie de l’esprit alors que nous avons vu que les jeunes enfants commencent à acquérir le langage avant la mise en place intégrale d’une théorie de l’esprit fonctionnelle. De même, il paraît tout aussi peu probable que le langage détermine le développement de toutes les capacités de la théorie de l’esprit étant donné que certains mécanismes se mettent en place bien avant les premiers mots des enfants.

Comme nous venons de le faire remarquer, l’acquisition du langage et le développement de la théorie de l’esprit s’influencent mutuellement et de façon bi-directionnelle. De plus, l’étude de Slade et Ruffman (2005) indique que les capacités linguistiques précoces de l’enfant permettent de prédire les capacités de théorie de l’esprit, mais que l’inverse est également vrai. Ainsi, nous plaçons notre travail dans ce cadre théorique.