Commençons par examiner l’évolution générale des agrammaticalités chez les enfants du premier groupe (MLU = 1) et chez l’enfant DT témoin :
Eliott | Lyne | Enfant DT | |
Session 1 | 100% | 48% | 88% |
Session 2 | 91% | 67% | 54% |
Session 3 | 77% | 16% | 24% |
Session 4 | 88% | 34% | 9% |
Session 5 | 70% | 28% | 11% |
Session 6 | 92% | 32% | 1% |
Session 7 | 55% | 18% | |
Session 8 | 47% | 5% | |
Session 9 | 95% | 6% |
La proportion des agrammaticalités de Lyne chute assez vite, néanmoins moins rapidement que pour l’enfant DT. Ce n’est qu’à la fin de la dernière année que Lyne rattrape le niveau que l’enfant DT avait lors de la session 6. En revanche, Eliott produit beaucoup plus d’agrammaticalités que l’enfant à développement typique. Il produit quasiment une agrammaticalité à chaque énoncé lors de la première et la dernière session. Entre ces deux sessions, le taux d’agrammaticalité d’Eliott diminuait lentement, et un peu en dent-de-scie. Le fait que Lyne se rapproche du profil de l’enfant DT alors qu’Eliotten reste assez éloigné rejoint leur profil au niveau de la répartition lexicale. En effet, nous avons vu que celle de Lyne se rapproche de celle de l’enfant DT (une majorité de mots grammaticaux, une diminution des noms et une augmentation des verbes), alors que ce n’est pas le cas pour celle d’Eliott, où les noms dominent.
Comparons maintenant plus précisément les types d’agrammaticalités produites par les enfants autistes relativement aux enfants DT.
Eliott | Lyne | Enfant DT | |
Session 1 | 100% | 65% | 91% |
Session 2 | 64% | 79% | 32% |
Session 3 | 80% | 47% | 17% |
Session 4 | 87% | 41% | 0% |
Session 5 | 85% | 54% | 1% |
Session 6 | 98% | 42% | 0% |
Session 7 | 50% | 54% | |
Session 8 | 100% | 12% | |
Session 9 | 96% | 6% |
Comme on le voit, de nouveau, Lyne, malgré un départ un peu chaotique, retrouve vers la fin de l’étude une diminution de l’absence de déterminants proche de celle de l’enfant DT, alors que ce n’est pas le moins du monde le cas d’Eliott.
Eliott | Lyne | enfant DT | |
Session 1 | 0% | 4% | 76% |
Session 2 | 17% | 6% | 35% |
Session 3 | 8% | 2% | 17% |
Session 4 | 2% | 3% | 12% |
Session 5 | 19% | 1% | 6% |
Session 6 | 47% | 2% | 2% |
Session 7 | 32% | 5% | |
Session 8 | 17% | 0% | |
Session 9 | 34% | 1% |
Ici, de nouveau, la courbe d’Eliott est chaotique et il est difficile d’y voir une direction quelconque (l’absence ou le petit nombre d’omissions de pronom dans les premières sessions correspond simplement à la faible proportion de verbes dans ces sessions). En revanche, on constate une grosse différence entre la courbe de Lyne, qui est quasiment plate et celle de l’enfant DT qui passe de 76% d’absence de pronoms à la disparition complète de cette agrammaticalité, rejoignant ainsi le niveau de Lyne. On voit ici que le langage chez Lyne se développe d’une façon différente de celle de l’enfant DT : elle part d’un niveau très réduit d’absence de pronoms,(4%), ce qui pourrait indiquer une compétence plus développée chez elle que sa performance. Ceci s’expliquerait notamment par son âge au début de l’étude ( ?) : Lyne est beaucoup plus âgée que l’enfant DT (3 ans et 9 mois versus 1 an et 11 mois).
Eliott | Lyne | enfant DT | |
Session 1 | 0% | 32% | 0% |
Session 2 | 0% | 27% | 27% |
Session 3 | 25% | 7% | 7% |
Session 4 | 52% | 5% | 4% |
Session 5 | 14% | 9% | 7% |
Session 6 | 22% | 13% | 0% |
Session 7 | 13% | 4% | |
Session 8 | 17% | 0% | |
Session 9 | 17% | 0% |
De nouveau, chez Eliott, le bon début apparent correspond en fait purement et simplement à l’absence de verbes. En revanche, on voit la proportion de verbes non conjugués, chez Lyne, comme chez l’enfant DT, bien qu’avec un peu de retard, disparaître complètement.