Chapitre 7 : Remédiation

7.1 Introduction

Nous avons enregistré les neuf enfants autistes de notre étude dans trois types d’interaction différents : en situation de jeu, en situation de repas et en situation de travail. La situation de jeu est un moment ou l’enfant choisit ce qu’il veut faire et n’est pas forcé d’interagir avec les autres. Bien évidemment, lors de certaines séances, les éducateurs forçaient les enfants à faire un jeu ensemble (par exemple un jeu de société) ou de temps en temps, les éducateurs jouaient avec les enfants pour les stimuler un peu plus pour l’étude. De façon générale, les enfants autistes ne sont pas poussés à parler lors de ces séances. En situation de repas, les enfants doivent demander correctement ce qu’ils veulent si ils souhaitent manger. Il arrive que les éducateurs leur demandent si ils veulent manger de tel plat mais en général, ils attendent que les enfants demandent. Enfin, la situation de travail, les enfants autistes sont fortement stimulés par les éducateurs. Ils leur posent beaucoup de questions et attendent des réponses précises que les enfants peuvent mettre longtemps à formuler.

Vu les contraintes différentes qu’imposent ces différents types de situation à la communication linguistique de l’enfant, il nous a semblé intéressant de regarder s’il y avait des variations importantes dans la production linguistique de l’enfant (évaluée sous les mêmes critères que précédemment : MLU, répartition lexicale, agrammaticalité, type d’énoncés) relativement à la situation dans laquelle elle se fait.

Enfin, le principal objectif de ce travail de thèse était de fournir un aperçu plus complet du processus d’acquisition du langage chez les enfants autistes. Nous souhaitons à partir d’une meilleure connaissance des difficultés que rencontrent les enfants autistes dans l’acquisition linguistique et des spécificités de leur développement pouvoir suggérer des recommandations sur les prises en charge existantes voire de faire des propositions pour le développement de nouvelles méthodes de prise en charge, notamment orthophoniques. Nous avons vu dans le chapitre précédent qu’un des freins les plus importants à l’acquisition du langage chez les enfants autistes est un déficit important de l’attention conjointe. Nous nous sommes demandé si une rééducation ou tout du moins un entraînement de cette capacité faciliterait à termes l’acquisition linguistique. Nous avons donc intégré deux étudiantes en orthophonie (Marion Leicher et Sophie Brunel) à notre projet pour qu’elles effectuent une prise en charge de l’attention conjointe sur deux très jeunes enfants autistes diagnostiqués de façon relativement précoce.