7.2.3.3 Ahmed

Tableau 130 : Répartition de la MLU selon les types d’interaction
  MLU jouer MLU goûter/midi MLU travail
Session 1 1,391 3,308 2,148
Session 2 1,700 3,362 -
Session 3 2,833 3,220 2,013
Session 4 2,133 2,000 2,681
Session 5 4,000 3,056 1,456
Session 6 3,800 2,000 2,692
Session 7 2,429 2,173 1,375
Session 8 2,500 4,000 2,095
Session 9 1,455 2,808 1,500

Ahmed est un enfant qui parle peu, mais chacune de ses interventions est une phrase construite. Ce comportement explique parfois les MLU très élevées de certaines interactions. Lors de la séance de jeu de la session 5, il a exprimé seulement à deux reprise ce qu’il voulait (« Je veux bille » et « je veux aller dans parc »). Ses phrases sont syntaxiquement correctes et font grimper sa MLU à 4 mots par énoncé. De façon générale, il semblerait qu’Ahmed ait plus de facilité en situation de repas. Il a établi de bons scores en séance de jeu lors des sessions 5, 6 et 7 qui sont, de plus, bien plus hautes que les autres types d’interaction. En effet, c’est le seul enfant autiste que nous suivons qui présente autant d’écart entre les différents types d’interaction.

Tableau 131 : Répartition syntaxique selon le type d’interaction
% verbes % noms % gram
Jouer 25% 41% 34%
Goûter/Midi 23% 44% 32%
Travail 24% 49% 27%

Ahmed produit énormément de noms (plus de 40%) pour un enfant au troisième stade d’acquisition et ceci quel que soit le type d’interaction. La proportion de noms atteint presque la moitié de ses productions en situation de travail. De plus pour un enfant qui sait construire correctement ses phrases, il utilise quand même assez peu de mots grammaticaux, surtout lors des séances de travail où il est pourtant fortement stimulé. Rappelons qu’Ahmed a changé de centre d’accueil lors de la dernière année de l’étude. Ce centre commence à utiliser les méthodes PECS et TEACCH. La mise en place de ces méthodes est longue et cela a eu une influence sur le langage de Ahmed, comme le montre le tableau suivant :

Tableau 132 : Répartition syntaxique selon le type d’interaction lors des deux premières années de l’étude.
% verbes % noms % gram
Jouer 27% 37% 36%
Goûter/Midi 26% 47% 27%
Travail 27% 45% 28%

Quel que soit le type d’interaction, la proportion des verbes reste à peu près la même que ce soit sur les deux premières années ou sur la totalité de l’étude. En ce qui concerne les noms, on remarque que les pourcentages sont légèrement moins importants sur les deux premières années que sur la totalité de l’étude. Sauf pour les situations de repas. Enfin, il y a finalement assez peu de changement au niveau des mots grammaticaux, les pourcentages restent sensiblement les mêmes sauf pour les situation de repas (ou ils diminuent de 5 points).

Tableau 133 : Répartition des agrammaticalités selon le type d’interaction
  Agrammaticalités
Jouer 44%
Midi/Goûter 44%
Travail 57%

Ahmed produit une grande quantité d’agrammaticalités quel que soit le type d’interaction. C’est en situation de travail qu’il commet le plus d’erreurs. Ahmed est un enfant qui n’aime pas travailler et il essaie par tous les moyens d’écourter ces séances. Peut-être ce comportement permet-il d’expliquer l’importante proportion d’erreurs dans ce type d’interaction. Ahmed diminue lentement ses proportions d’agrammaticalités lors des deux premières année, sa progression lors de la troisième année est beaucoup plus chaotique mais toujours orientée à la baisse (voir 6.3.1.3). Regardons si son évolution a une influence sur ses agrammaticalités selon les interactions lors de la dernière année de l’étude.

Tableau 134 : Répartition des agrammaticalités selon le type d’interaction lors de la dernière année d’étude
  Jouer Midi/Goûter Travail
Session 7 17% 58% 73%
Session 8 0% 18% 44%
Session 9 60% 4% 83%

Les résultats d’Ahmed sont à l’image de sa progression lors de cette dernière année : chaotiques. Ses productions d’agrammaticalités par type d’interaction ne sont pas stables d’une session à l’autre.

Tableau 135 : Types d’énoncés selon les types d’interaction.
Initiations
assertion
Initiations ordre/requête Réactions
Jouer 2% 40% 51%
Midi 5% 77% 11%
Travail 7% 24% 56%

Ahmed produit une importante quantité de requêtes lors des séances de repas. Les initiations représentent plus de 80% de sa production dans ce type d’interaction. Ahmed répète souvent la demande ou le nom de ce qu’il veut jusqu’à ce qu’il l’obtienne. Ce comportement explique la proportion élevée de requêtes lors des repas. Pour les autres types d’interactions, les réactions ne représentent que légèrement plus de la moitié de ses productions. Ahmed a changé de centre d’accueil lors de la dernière année de l’étude et ceci a eu une influence sur l’acquisition de son langage et pourrait polluer les résultats de la totalité de l’étude. Pour cette raison, il nous semble plus judicieux de nous intéresser aux résultats lors des deux premières années de l’étude.

Tableau 136 : Types d’énoncés selon les types d’interaction des deux premières années de l’étude.
Initiations
assertion
Initiations ordre/requête Réactions
Jouer 3% 60% 30%
Midi 2% 81% 10%
Travail 7% 37% 50%

En situation de jeu et de repas, Ahmed produit beaucoup de requêtes. En situation de travail, la proportion des réactions reste la plus importante que ce soit sur les deux premières année ou sur la totalité de l’étude, et Ahmed produit très peu d’assertions. Ainsi Ahmed semble avoir à peu près le même comportement communicatif sur les deux premières années ou sur la totalité de l’étude.