7.3 Effet de la prise en charge basée sur le développement de l’attention conjointe

Selon les théories de l’acquisition du langage (voir chapitre 3), les capacités socio-pragmatiques, et plus particulièrement l’attention conjointe favorisent l’apprentissage du lexique. Ainsi, dans le cadre de notre étude, nous avons émis l’hypothèse que des capacités accrues au niveau de l’attention conjointe permettrait un apprentissage linguistique plus efficace. Nous nous sommes demandé si l’attention conjointe pouvait être apprise ou tout du moins entraînée chez des sujets autistes. Nous avons donc décidé de mettre en place une tentative de remédiation cognitive. La remédiation cognitive tente d’élaborer des stratégies pour restaurer ou développer une fonction cognitive défaillante. Elle peut être de trois sortes :

La remédiation que nous avons proposée est du type restauratrice. Nous avons réalisé cette étude avec l’aide de deux étudiantes en dernière année d’orthophonie à l’école de Lyon, Sophie Brunel et Marion Leicher (2008), dans le cadre de leur mémoire de fin d’étude. L’objectif de leur travail est de montrer que l’attention conjointe peut être apprise par de jeunes enfants autistes sans langage dans l’hypothèse que cet apprentissage faciliterait par la suite l’acquisition du langage. Bien évidemment, leur travail ne porte que sur l’apprentissage de l’attention conjointe. Rappelons que l’on distingue l’attention conjointe de l’attention partagée. En effet, la première est le mécanisme précurseur de la seconde qui précède elle-même la théorie de l’esprit (voir chapitre 1). Faire preuve d’attention conjointe c’est simplement regarder le même objet (ou événement) que l’autre. Ce qui différencie l’attention partagée de l’attention conjointe, c’est le regard alterné : l’enfant fait un va-et-vient visuel entre le centre d’intérêt conjoint et l’adulte. Ceci est interprété comme la vérification du partage de l’attention, d’où le nom d’attention partagée.