Acquisition du langage chez les enfants autistes : éléments linguistiques

Au niveau de la production linguistique, que nous avons mesuré en termes de longueur moyenne d’énoncés (MLU – Mean Length of Utterances), les enfants autistes de notre panel progressent beaucoup moins vite que les enfants à développement typique. Nous ne sommes pas arrivés à dégager de tendance générale. En effet, certains enfants (Victor, Eliott, Charlotte et Ahmed) sont restés à leur niveau initial alors que d’autres enfants (Matthieu, Grégory et Maeva) ont légèrement progressé et que les deux derniers, Lyne et Félix, ont montré une évolution beaucoup plus importante. De ce fait la seule chose que nous pouvons affirmer c’est, que, tout comme les enfants à développement typique, chaque enfant autiste est unique et progresse (ou stagne) à son propre rythme. En revanche, contrairement aux enfants à développement typique, les enfants autistes qui ont le plus progressé ne le font pas de façon linéaire, mais plutôt par paliers.

Au niveau de la répartition lexicale, les enfants autistes ne présentent pas le même profil que les enfants à développement typique et ceci quel que soit le stade d’acquisition où ils se trouvent. De façon générale, les enfants autistes de notre étude utilisent moins de mots grammaticaux et donc plus d’unités référentielles. Seuls Lyne et Félix se rapprochent du niveau des enfants DT. La différence entre leurs productions et celles des enfants DT – un pourcentage de verbes légèrement supérieur et donc un pourcentage de mots grammaticaux légèrement inférieur à ceux des enfants DT – ne semble pas significative. Néanmoins leur niveau linguistique reste tout de même inférieur à celui des enfants DT notamment au niveau grammatical – persistance des agrammaticalités bien que très faibles. Pour le reste des enfants autistes, on peut aussi bien avancer des explications en termes de déficit d’abstraction ou plus simplement, d’un niveau linguistique encore trop faible pour vraiment s’engager dans l’acquisition syntaxique.

De même, en ce qui concerne les agrammaticalités, les enfants autistes et les enfants à développement typique suivent à peu près le même processus, mais pas à la même vitesse. En effet, au début de leur acquisition, les enfants produisent énormément d’agrammaticalités de divers types. En revanche, alors que les enfants à développement typique diminuent rapidement, voire éradiquent les agrammaticalités, les enfants autistes montrent une diminution beaucoup plus lente. De plus, quel que soit le stade d’acquisition auquel ils appartiennent, les agrammaticalités persistent, certes à faible taux (en ce qui concerne Lyne et Félix), mais elles restent présentes.