1.1.6. Conclusion

Nous avons situé notre travail dans le cadre de l'ergonomie cognitive. Nous nous sommes positionnées dans une conception de l'ergonomie comme une science finalisée de l'activité. Cette finalité porte sur l’amélioration des conditions d’exercice de l’activité, la sécurité et la réduction des risques, l’amélioration des performances, la conception des artéfacts techniques ou d’outils d’assistance. Plus spécifiquement, nous avons présenté l'ergonomie cognitive comme une science des activités comportant une dimension mentale. L’approche "cognitive" renvoie à une approche de l’humain qui s’intéresse aux fonctionnements mentaux de celui-ci. L’ergonomie cognitive part du postulat que les comportements d’un opérateur ne peuvent pas recevoir d’explication définitive sans faire référence aux états mentaux de cet opérateur.

Ce positionnement nous amène à prendre en considération deux rôles distincts de "sujet connaissant". Le premier rôle est le rôle d'un "opérateur" qui réalise une activité. Nous avons défini l'activité comme un flux temporel des aspects pertinents pour cet opérateur, de son comportement et de l'évolution de son environnement. Le second rôle est le rôle de "l'ergonome", qui cherche à construire une connaissance scientifique à propos de l'activité de l'opérateur. D'une manière générale, ces deux rôles peuvent être tenus par des individus isolés ou par des individus agissant collectivement. Les rôles relatifs de ces deux "sujets connaissant" posent des questions sur les conditions de construction de la connaissance, que nous nous proposons d'aborder au paragraphe suivant.

Nous avons introduit deux grandes approches de l'ergonomie cognitive, l'une centrée sur l'opérateur, et l'autre centrée sur l'interaction homme/machine.

Dans la partie de notre travail qui concerne l'analyse du conducteur automobile, nous adopterons une position qui relève de la première approche. Dans ce cadre, nous présenterons au chapitre 2 un état de l'art centré sur l'opérateur humain en général et le conducteur automobile en particulier. Ensuite, nous développerons au chapitre 3 une méthodologie visant à investiguer le fonctionnement cognitif de cet opérateur. Puis nous appliquerons cette approche dans notre analyse de l'activité décrite au chapitre 6.

Dans la partie de notre travail qui porte sur l'ingénierie des connaissances, et sur la façon dont l'ergonome peut construire des connaissances à propos de l'opérateur, nous adopterons une approche plutôt centrée sur l'interaction. Nous ne développerons pas de modèle centré sur l'ergonome mais nous examinerons son interaction avec un système d'ingénierie des connaissances dans les chapitres 4 et 5.

Enfin, nous ferons une synthèse de ces deux approches dans le chapitre 7.