1.2. Comprendre l’activité : Questions epistémologiques

1.2.1. Problématique épistémologique

Comme nous venons de le voir, la question de la compréhension de l’activité et de son explication par l’activité cognitive de l'opérateur pose certaines questions fondamentales d’ordre épistémologique.

Souvent, les praticiens de l'ergonomie cognitive y répondent par une démarche fondée sur un savoir-faire non entièrement explicité comme nous l’avons présenté au paragraphe 1.1.5.

Toutefois, cette question revêt une importance particulière lorsque l’ergonome tente de formaliser le processus d’analyse à l’aide d’un système d’ingénierie des connaissances. Dans ce cas, l’ergonome, qui devient un "ingénieur des connaissances", est amené à expliciter les mécanismes et les concepts les plus basiques qu’il définit dans le système d'ingénierie des connaissances. Si certaines limites épistémologiques rendent impossible une démonstrationabsolue de chacun de ses choix élémentaires de modélisation, alors comment l’édifice qu’il construit pourrait-il constituer un ensemble de connaissances valides ?

Pour répondre à cette question, nous sommes amenés à discuter du statut épistémologique de nos objets d'étude. D'une part, le statut épistémologique de l’activité en sciences humaines, c'est-à-dire comment l'activité peut-elle être prise comme objet de connaissance par un ergonome ? Et d'autre part, le statut épistémologique du "point de vue de l'opérateur", par lequel l'ergonome cherche à expliquer cette activité. C'est-à-dire comment les états et processus mentaux de l'opérateur peuvent-ils être pris comme objets de connaissance par l'ergonome ? Nous développons ces deux questions ci-dessous, puis nous présenterons les réponses classiques apportées par les sciences humaines, l’ingénierie des connaissances, et la philosophie des sciences.