1.2.3. Les réponses de l’ingénierie des connaissances

L'informatique, par les moyens de stockage et de traitement qu'elle offre, peut apporter un éclairage nouveau sur la question de la genèse des connaissances. Précisons que les outils informatiques ne doivent être considérés que comme des outils de combinaison et d'affichage de signes et non de connaissances en tant que telles. Bachimont propose une description du rapport entre connaissance et capacité de manipulation symbolique des systèmes informatiques : « Il y a connaissance et représentation des connaissances quand les manipulations symboliques effectuées par la machine via des programmes, prennent un sens et une justification pour les utilisateurs interagissant avec ces programmes. Les utilisateurs interprètent alors le comportement de la machine, c'est-à-dire qu'ils lui donnent un sens et tendent même, au regard de l'usage qu'ils ont de la machine, à lui conférer une certaine rationalité.».

L'informatique décuple les possibilités de combinaison et d'affichage de signes, et l'humain peut s'appuyer sur ces possibilités pour constituer des connaissances, les faire évoluer, les accumuler. Bachimont propose d'utiliser la notion de système de manipulation d’inscriptions de connaissances plutôt que de système de connaissance afin de bien marquer cette distinction.C’est l’interprétation humaine qui fait exister la connaissance à partir des signes mémorisés et produits par l’outil informatique.

L'ingénierie des connaissances réaffirme donc le rôle central de l'humain en tant que "sujet connaissant". Dans le cadre d'un système informatique d'analyse de l'activité, les connaissances produites seront avant tout construites à partir du projet propre de l'ergonome. L'ergonome n'a donc pas seulement un rôle central, mais également un rôle moteur, puisque la connaissance est construite par lui et pour lui. Ce point de vue s'inspire des épistémologies constructivistes que nous présenterons au paragraphe 1.2.4.3.