3.2.1. L'observation directe de l'activité par l'ergonome

Quand l'ergonome observe directement l'activité, il cherche en général à en garder une trace inscrite de manière à pouvoir l'analyser ultérieurement ou à en produire un compte rendu. A l'extrême, on pourrait voir l'ergonome comme un instrument de traçage de l'activité. Cette idée repose sur le fait que celui-ci pourrait produire des inscriptions systématiques de tel ou tel aspect de l'activité qui pourrait être précisément interprétées après coup. Mais plus généralement l'ergonome observe l'activité au plein sens du terme, c'est-à-dire qu'il la comprend en l'observant. Dans ce cas, le traçage par l'ergonome repose sur un accord entre l'interprétation de l'activité qui est utilisée pour produire le traçage et l'interprétation qui est faite de la trace au moment de l'analyse. Si "l'ergonome traceur" produit une trace λ chaque fois qu'il comprend que l'activité correspond à Λ, "l'ergonome analyste" pourra comprendre que l'activité correspondait à Λ chaque fois qu'il verra la trace λ. Cela suppose que les deux se soient bien mis d'accord, c'est-à-dire que l'évaluation de Λ soit spécifiée de manière suffisamment explicite et partagée, pour ne pas être sujette à des différences d'interprétation personnelles au sein de la communauté des ergonomes. Le traçage par l'ergonome peut prendre différentes formes : un simple appui sur un bouton qui est enregistré dans un fichier daté, ou la prise de notes plus ou moins formalisées sur une feuille de papier ou sur un système informatique. On distingue principalement les traces qui correspondent à un codage préalablement défini ou les traces qui sont des annotations libres. Au Lescot, des outils spécifiques sont employés pour ce traçage. Dans d'autres laboratoires, des outils ont donné lieu à des publications. Un exemple est donné par le logiciel Kronos . Kronos est un logiciel configurable de relevé d'observations sur le terrain, développé pour ordinateur de poche (pocket PC) (Figure 25).

Figure 25 : Grille d'observation de Kronos, (Kerguelen 1998)