3.3.3. La technique de l'auto-confrontation

Cette technique vise à faciliter l'explicitation de l'activité en entretien d'explicitation. Elle consiste à confronter le sujet à des enregistrements de sa propre activité, de façon à recueillir son évaluation de situations spécifiques. Ces enregistrements sont classiquement des enregistrements vidéo ou audio. Ils sont pris comme un support sur lequel s'appuie l'entretien d'explicitation. Comme le posent Guérin, Daniellou et al. , « c’est à partir de cas concrets que peuvent s’opérer des échanges détaillés à propos d’événements et d’actions effectivement constatés par l'ergonome et vécus par l’opérateur. »

Cette technique présente l’intérêt de préserver le déroulement normal de l’activité. L’objet de ces verbalisations peut être suscité par l’ergonome qui va interroger l’opérateur à partir des constats qu’il aura faits pendant l’observation, mais il peut aussi être laissé à l’initiative de l’opérateur en fonction de ce qui lui a semblé important et significatif. Une approche mixte consiste à ce que l'ergonome demande à l'opérateur d'indiquer les situations de l'activité dont il se rappelle spontanément après coup. Ce rappel spontané peut constituer un indicateur de la prise de conscience d'un aspect particulier de l'activité par l'opérateur.

Pour le recueil des évaluations subjectives, nous nous intéressons particulièrement aux échelles de type Likert qui consistent à demander à l'opérateur d'évaluer des critères en se positionnant sur une échelle entre deux extrêmes . Par exemple évaluer la dangerosité d'une situation entre "pas du tout dangereux" et "extrêmement dangereux". L'opérateur pourra se positionner dans l'échelle par exemple à 30%. Il est délicat de regrouper ces valeurs dans des résultats statistiques, en revanche elles peuvent facilement être enregistrées dans les traces pour être restituées à l'ergonome au moment de l'analyse, et être comprises par lui.

En termes de limite à cette technique, se pose la question de la recevabilité des données recueillies. Ericsson et Simon , p171, identifient trois critères qui autorisent l'ergonome à les prendre en compte. Le critère de pertinence : les données doivent être pertinentes par rapport à la tâche. Le critère de cohérence : les données doivent avoir une cohérence logique entre elles. Le critère de mémoire : elles doivent être cohérentes avec les modèles de mémoire et de prise de conscience qui justifient que le sujet puisse s'en souvenir entre la réalisation de la tâche et la verbalisation.

Par ailleurs, nous n'avons pas connaissance de l'utilisation d'enregistrements informatiques restitués à l'opérateur sous une forme symbolique. Nous pensons toutefois que cela pourrait constituer une technique innovante et nous la discuterons à la partie .