7.1.2.2. Le paramétrage sémantique au niveau de l'ontologie

Au paragraphe 5.4.1.1 nous avons montré un exemple d'implémentation de liens virtuels "précède" et "suit" entre les observés. Cet exemple illustrait comment nous pouvions implémenter des règles sémantiques propres aux traces. Cette implémentation se fait par un mécanisme désigné par le terme "raisonneur". Ce mécanisme permet de créer des observés et des relations virtuelles dans le graphe RDF, c'est à dire des ressources qui ne sont pas stockées comme des données mais calculées au moment où le graphe est interrogé.

Dans Abstract, ces règles sont exploitées par le moteur Sparql et peuvent donc être utilisées par l'ergonome pour écrire ses requêtes. En revanche elles ne sont pas exploitées par le système de visualisation. Les ressources virtuelles n'apparaissent donc pas dans nos visualisations graphiques des traces. Les faire apparaître nécessiterait de développer une application spécifique de visualisation de traces RDF, à la place de notre solution simplifiée basée sur des transformations XSL. La réalisation d'un tel outil constitue un projet informatique assez lourd qui n'a pas vocation à être réalisé dans un institut de recherche sur les transports. Nous souhaitons simplement présenter ici notre vision de ce que pourrait être un tel système, à la lumière de notre expérience d'utilisation d'Abstract.

Les différents éléments de requêtes présentés au paragraphe 5.4.2 pourraient être implémentés sous forme de règles du raisonneur. L'enjeu serait de permettre à l'ergonome de spécifier leur mise en oeuvre grâce à des propriétés des observés définies dans l'ontologie. Par exemple, au moment où il définit le type d'observé "Min_Speed" (minimum local de vitesse) l'ergonome pourrait indiquer qu'il est susceptible de se relier à un observé "Max_Speed" par un lien de type "Link_Shift_Speed_Up". Cette indication se ferait par paramétrage et définition dans l'ontologie du lien Link_Shift_Speed_Up comme une sorte de lien "R1_R2_R3" défini au Tableau 2. De cette façon, les observés "Shift_Speed_Up" que nous avons présentés au paragraphe 6.2.2.2 ne seraient pas définis par des requêtes SPARQL comme nous le faisons actuellement, mais seraient définis à partir de l'ontologie. L'ergonome n'aurait donc pas besoin d'apprendre le langage Sparql et pourrait se contenter de modéliser les traces en paramétrant l'ontologie. L'ontologie centraliserait donc la définition des règles de construction et les propriétés de visualisation des observés.

Ce système ne requerrait donc pas de connaissance en informatique de la part de l'utilisateur mais simplement une compétence en ingénierie des connaissances. Cette compétence serait raisonnablement accessible à un ergonome désireux de conduire un processus de modélisation d'activité.

L'implémentation de ces règles dans le raisonneur reviendrait alors à créer une sémantique propre aux traces. Au niveau informatique cette sémantique devrait être implémentée en langage de bas niveau de façon à optimiser les calculs. Les règles liées à la comparaison de time codes pourraient être particulièrement optimisées pour nos graphes RDF qu'on peut qualifier de "graphes fortement séquentiels".

Pour l'instant nous n'avons défini de cette sémantique que les éléments listés dans le Tableau 2. Ils ont été suffisants pour notre travail. Mais il est probable que d'autres éléments apparaissent au fil de l'utilisation d'Abstract. Pour cette raison il est encore nécessaire qu'Abstract soit utilisé par des utilisateurs ayant des compétences en informatique. Ces utilisateurs pourront peu à peu stabiliser cette sémantique et faire en sorte qu'elle puisse être exploitée par les ergonomes, par simple paramétrage.