B. Les apports de la quantification

La quantification est une alliée précieuse lorsque l’on sait ce que l’on souhaite mesurer et que cela s’y prête. Elle permet de mettre en perspective les descriptions faites par les personnes rencontrées quel que soit leur statut. Nous y avons eu recours à trois reprises.

La première à micro-échelle s’est traduite par l’analyse quantitative de l’activité bancaire de guichet au sein d’agence en zone urbaine sensible et en environnement aisé. Elle nous a permis de mettre en lumière la réalité du flux de clientèle mais également de la nature des difficultés bancaires que rencontraient les personnes ainsi que de leur fréquence.

La deuxième en lien avec la précédente a consisté à tenter de mesurer l’implantation en zone urbaine sensible des agences bancaires selon leur réseau d’appartenance. Ces informations macro-économiques ne sont pas disponibles publiquement en dépit de l’existence d’un Observatoire national des zones urbaines sensibles.

Enfin la troisième nous a été offerte dans le cadre d’une étude de la Direction de la recherche, des études et de l’évaluation statistique (DREES) auprès de 5 000 allocataires de minima sociaux au premier semestre 2003 où nous avons eu l’opportunité d’intégrer quatre questions relatives à l’accès aux produits bancaires. Il nous a ainsi été possible de quantifier certaines difficultés d’accès au compte et moyens de paiement scripturaux que rencontrait cette population particulière.

En dépit de la modestie de ces approches quantitatives, elles ont été extrêmement précieuses tant les analyses statistiques sont pauvres en matière d’exclusion bancaire. Que ce soit au niveau français ou européen, il est presque impossible d’obtenir des données solides et comparables pour analyser les différentes facettes de ce phénomène. Ainsi, la principale étude qui alimente notre travail a été publiée en 2001 par le Crédoc et porte sur l’accès des bénéficiaires de minima sociaux (Daniel & Simon, 2001). En dépit de son intérêt, le fait qu’elle ait précédé toute analyse qualitative laisse dans l’ombre de nombreux aspects pourtant essentiels de ce phénomène. Nous avons ainsi mobilisé les différentes sources existantes y compris lorsqu’elles ne permettent seulement qu’un chiffrage partiel comme c’est également le cas des études sur le surendettement (Banque de France, 2002, 2005).