1. Un approfondissement de la mise en perspective internationale

La volonté de mettre en perspective nos résultats avec ceux existant dans d’autres pays européens ou aux États-Unis a été constante tout au long de la thèse. Référence a toujours été faite aux études menées à l’étranger pour initier des pistes de recherche ou pour mettre en perspective les résultats obtenus.

Cette mise en perspective s’était jusqu’alors principalement appuyée sur des connaissances livresques. Nous avons pu la compléter par une connaissance « de terrain » grâce à un voyage d’étude aux États-Unis consacré aux « Banques sociales » et à deux études pour la Commission Européenne, l’une sur l’exclusion bancaire et l’autre sur le surendettement.

Du 5 au 11 novembre 2005, la French American Foundation a organisé un voyage d’étude réunissant des banquiers français et des représentants d’institutions dont l’activité était en lien avec la problématique de l’exclusion bancaire. L’objectif était de comprendre quelle était la réponse apportée par le système bancaire des États-Unis au défi de la bancarisation des ménages aux ressources modestes. La méthode était l’organisation d’entretiens avec des représentants d’institutions dont les pratiques étaient représentatives. Nous avons notamment pu rencontrer le responsable des risques et celui du community development de l’emetteur de cartes de crédit J. P. Morgan Chase, des responsables de banques de développement communautaire (City First Bank à Washington ou Shore Bank à Chicago) mais aussi débattre avec les différentes parties prenantes de la régulation du secteur bancaire dont le Community Reinvestment Act est la pierre angulaire. Nous avons ainsi pu échanger avec des universitaires et chercheurs (par exemple du Woodstock Institute), des représentants des grandes banques commerciales (comme Bank of America) ainsi que des responsables de Freddie Mac et Fannie Mae dont les propos de l’époque prennent aujourd’hui un reflet différent30.

La deuxième source de mise en perspective de nos résultats en termes d’arrangements institutionnels favorisant ou limitant l’exclusion bancaire, nous a été offerte par notre participation en tant qu’expert pour la France à deux études commanditées par la Commission Européenne. Elles avaient pour objectif de proposer une définition commune et opérationnelle de l’exclusion bancaire (RFA, 2008) dans un cas, et du surendettement (OEE, 2008) dans l’autre31. Ces travaux ont montré les limites de la connaissance des données sur ce phénomène dans l’immense majorité des pays européens (à l’exception du Royaume-Uni et dans une moindre mesure de la Belgique). Toutefois, la variété des échanges avec les experts des différents pays32 et la nécessité de construire une compréhension commune ont affiné notre compréhension des contextes institutionnels nationaux conduisant à l’existence de formes variées d’exclusion bancaire. Nos résultats en sont ressortis confortés dans la mesure où notre définition de l’exclusion bancaire des particuliers a servi de base à celle retenue dans l’étude de RFA (2008) et que notre lecture du surendettement comme l’une des facettes du phénomène d’exclusion bancaire et non comme un phénomène indépendant a également été retenue dans l’étude de l’OEE (2008).

Notes
30.

 Ces échanges ont permis non seulement de creuser les différences perçues entre les systèmes américain et français et d’en découvrir des facettes que nous ignorions. Mais ils nous ont également fait bénéficier des réflexions des autres participants français qui par leur point de vues variés ont apporté des éclairages et questionnements nous permettant en retour de mieux comprendre le système bancaire français. La synthèse de ce voyage est en annexe 6.

31.

Les deux études sont disponibles à l’adresse suivante :

http://ec.europa.eu/employment_social/spsi/financial_exclusion_fr.htm

32.

 L’étude sur l’exclusion bancaire réunissait 14 experts de pays différents (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Espagne, France, Irlande, Italie, Lituanie, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Royaume-Uni, Slovaquie) et celle sur le surendettement 19 (Allemagne, Autriche, Belgique, Bulgarie, Espagne, Finlande, France, Grèce, Irlande, Italie, Lituanie, Luxembourg, Norvège, Pays-Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Royaume-Uni, Suède).