B. Une absence de débat scientifique autour de la définition du phénomène

Il nous semble indispensable de souligner qu’un point commun lie ces trois rapports : Kempson et son centre de recherche, le Personal Finance Research Center (PFRC)45. Aujourd’hui considérée comme la principale spécialiste internationale de l’exclusion bancaire, elle est directement impliquée dans la réalisation de ces trois rapports. En effet, elle est l’un des 8 experts extérieurs participant à la PAT 14 et à ce titre partie prenante de ses travaux (HM Treasury, 1999). Quant aux deux autres rapports (Kempson & Whyley, 1999 ; Kempson et al., 2000), ils ont été confiés au PFRC dont elle est la figure centrale.

Les travaux de Kempson et plus largement ceux de ce centre fondé en 1998 en réaction aux préoccupations nouvelles du gouvernement en matière d’exclusion bancaire des particuliers, exercent une influence absolument déterminante sur les modalités britanniques mais également internationales de prise en compte de l’exclusion bancaire. Largement acceptés en raison de leurs bases empiriques solides, ils n’ont cependant pas bénéficié d’une confrontation avec d’autres grilles de lecture du même phénomène. Ils ont en quelque sorte pâti de leur propre qualité, étouffant les éventuelles analyses alternatives existantes. Ainsi quand bien même les analyses de leurs auteurs ont aujourd’hui évolué et se sont enrichies au fil du temps46, c’est leur grille de lecture initiale qui continue de faire référence.

Si ces travaux ont permis la mise en lumière de nombreux mécanismes essentiels de production de l’exclusion bancaire, la définition même qu’ils en proposent, comporte selon nous plusieurs failles résultant à la fois de leur terrain d’application (le secteur bancaire britannique) et du cadre dans lequel ils sont menés (répondre à une demande du gouvernement par des préconisations concrètes). Ils forment un corpus suffisamment cohérent pour que nous analysions ces caractéristiques de manière commune.

Notes
45.

Centre de recherche rattaché à la faculté de géographie de l’Université de Bristol. http://www.pfrc.bris.ac.uk/

46.

Voir sur ce point Kempson (2006).