Section 3. Délimiter et mesurer l’exclusion bancaire

« Combien sont-ils ? Cette question, je l’ai entendue maintes et maintes fois, pour ainsi dire pratiquement à chacune de mes conférences sur la pauvreté . Elle s’impose comme un préalable à toute réflexion un peu comme s’il était inconcevable de parler de cette question sans entreprendre de quantifier les pauvres » (Paugam, 2005, pp. 1-2). Cette contrainte de quantification que souligne Serge Paugam en introduction de son ouvrage sur les formes élémentaires de la pauvreté pèse également en matière d’exclusion bancaire. En témoignent les débats récurrents autour du chiffre de 5 à 6 millions de personnes confrontées à ce phénomène diffusé par Daniel Lebègue (1999) puis repris officiellement par Jean-Christophe Le Duigou (2000). Mais s’il y a débat c’est principalement en raison de l’aspect multidimensionnel de l’exclusion bancaire et de l’absence de définition explicite.

Ayant défini ce qu’est l’exclusion bancaire, il nous est possible de nous confronter aux chiffres disponibles. Ils s’avèrent fragmentaires et difficilement comparables incitant à en faire un usage prudent et surtout à proposer des voies de recherche pour parvenir à définir des indicateurs d’exclusion bancaire (§1). Cependant, leur analyse permet de mettre en lumière la nécessité de tracer les frontières de ce phénomène notamment quant à la question du surendettement. La définition retenue de l’exclusion bancaire permet alors de montrer que le surendettement n’est en rien un phénomène distinct mais au contraire qu’il en compose l’une des facettes (§2).