Section 1. La monnaie comme institution sociale

Le premier pas pour comprendre quelle place les produits bancaires occupent au sein des sociétés modernes, est de s’intéresser à ce qui en est le support : la monnaie. Pour cela, il convient de rompre avec les analyses développées par les approches économiques orthodoxes qui en font un outil de simplification des échanges. Privilégier à la fois les analyses hétérodoxes (et plus précisément institutionnalistes) et un éclairage pluridisciplinaire est alors d’un grand secours pour dévoiler les différentes facettes de la monnaie.

Afin de mener à bien cette mise à jour de l’essence du fait monétaire, ce sont les principaux résultats des travaux menés par Michel Aglietta et André Orléan (1998, 2002) et de ceux de l’équipe animée par Servet au sein de ce qui constituait alors le pôle Finance, Exclusion et Activité de l’ex-Centre Walras93, qui serviront de base. Dans un premier temps, il convient de présenter la prise en compte de la monnaie par l’orthodoxie économique et d’en souligner les limites tant théoriques qu’empiriques (§1). À partir de là, il est possible de montrer en quoi la monnaie est au cœur du lien social en étant l’un des supports des relations de dettes et de créances, c'est-à-dire des relations financières qui régulent les rapports sociaux (§2).

Notes
93.

Cf. note 10.