Section 2. La financiarisation des rapports sociaux

Accéder et utiliser la monnaie est indispensable pour faire partie de la société. Elle est un élément essentiel du lien social. Cela est d’ailleurs encore plus vrai au sein des sociétés marchandes. Mais le rapport à la monnaie et aux instruments qui en sont le support n’est pas figé, il évolue avec le temps. Ce sont ces évolutions institutionnelles que désigne le terme de financiarisation que nous allons étudier à présent.

Au sein des sociétés modernes, la financiarisation est généralement comprise comme une cause de destruction des liens sociaux traditionnels et d’une mise en péril de la cohésion sociale. C’est que, dans ces approches, financiarisation et marchandisation des liens sociaux sont souvent mêlées (§1). Afin d’éviter cette confusion qui nuit à l’analyse, nous partirons de la grille de lecture de la financiarisation proposée par Servet (2004, 2006) pour en proposer une évolution où sont notamment distinguées diffusion des produits bancaires et financiers et logique qui anime cette diffusion (§2). À l’aide de cet outil d’analyse, nous proposerons une mise en lumière des différentes formes de financiarisation afin d’en comprendre les implications pour la cohésion et la reproduction des sociétés (§3).