§2. 1950-1980 : l’accélération de la financiarisation sous le contrôle de l’État

La période qui s’étend du lendemain de la seconde Guerre Mondiale jusqu’aux années 1980 est marquée par une forte accélération du mouvement de financiarisation. Cette évolution se fait sous le contrôle étroit de l’État qui en est un acteur direct ou indirect. Après avoir rationalisé et réorganisé le secteur bancaire coopératif au cours de l’entre-deux guerres, il nationalise en 1945 la Banque de France et les quatre premières banques de dépôts128 et réglemente étroitement l’ensemble de l’activité bancaire129. C’est donc un secteur bancaire sous tutelle étatique qui devient le pivot de la croissance des Trente Glorieuses.

Notes
128.

 Crédit Lyonnais, Société Générale, Comptoir national d’escompte, Banque nationale pour le commerce et l’industrie (ces deux dernières fusionneront en 1966 pour former la Banque nationale de Paris). Il ne reste dans le secteur privé que des banques de dépôt de taille très modeste ainsi que les banques d’affaire mais qui voient un commissaire du gouvernement être placé auprès d’elles (Haut Conseil du secteur financier public et semi-public, 2001).

129.

Les banques privées avaient été jusqu’alors relativement peu encadrées. En 1941, le gouvernement de Vichy a mis fin à l’ère libérale et doté le secteur bancaire d’un statut particulier en accord avec les corporations de l’époque (Brun-Hurtado, 2005). En 1945, la distinction banque de dépôt – banque d’affaire est inscrite dans la loi et le Conseil national du crédit encadre la concurrence interbancaire afin de permettre le financement de la reconstruction du pays.