A. Société de consommation et monétarisation

La monétarisation dont nous avons vu qu’elle s’était développée au cours du XIXe siècle s’accroît encore avec les transformations profondes des modes de consommation de la population. C’est l’époque où se diffusent largement l’automobile et les biens d’équipement ménager et où apparaissent les premiers supermarchés (1957) et hypermarchés (1963). Rapidement les besoins de base comme l’alimentation parviennent à être satisfaits et se sont alors de nouvelles fonctions de consommation (comme l’hygiène et les soins, les transports et télécommunications, etc.) qui se développent traduisant ainsi la marchandisation des modes de vie (Langlois, 2005)130. Ainsi, entre 1950 et 1957, la consommation augmente de 40 % (CDC, 1999).

Cette marchandisation peut s’illustrer par les évolutions de l’autoconsommation. En matière d’alimentation, elle représente encore 6,4 % de la consommation des ménages en 1956 (l’alimentation en représente 40 %). Toutefois des différences significatives existent entre catégories socioprofessionnelles (tableau 10).

Tableau 10 : Coefficient budgétaire pour l’alimentation en 1956
CSP Aliments achetés Autoproduction Total
Exploitants agricoles 30,2 25,8 55,6
Salariés agricoles 43,6 14 57,6
Artisans 40,2 3,5 43,7
Prof. libérales et cadres sup. 26,8 0,4 27,2
Employés 43,7 1,3 45
Ouvriers 46,7 3,7 50,4
Inactifs 46,3 4,3 50,6
Total 40 6,4 46,4

Source : Langlois (2005, p. 75).

C’est avant tout au sein du monde agricole que l’autoconsommation alimentaire est présente. Elle est plus faible pour le reste de la population dont le mode de vie est davantage urbain même si les liens ville-campagne et les jardins ouvrier y participent. Simon Langlois (2005) précise que l’autoconsommation est également présente chez les ouvriers mais elle porte davantage sur les services liés au bricolage. Il souligne également que l’autoconsommation paysanne ou ouvrière permet de dégager des ressources pour l’achat de biens durables. Bien qu’encore présente à la fin des années 1970, elle se réduit à mesure que se développe un mode de vie urbain éloigné du monde rural.

Le développement de la société de consommation correspond donc à une monétarisation et à une marchandisation de nouveaux aspects de la vie sociale appelant de manière croissante des réponses financiarisées.

Notes
130.

Entre 1950 et 1965, la consommation affectée aux fonctions « hygiène et soins » est multipliée par 7,8, et par 6,8 pour la fonction « transports et communications » (Langlois, 2005, p. 65).