A. Accès bancaire et niveau de pauvreté monétaire et d’inégalités de revenus

Les travaux menés dans ce cadre sont de nature économétrique et tentent, au travers de facteurs comme l’accès au compte ou au crédit, de mesurer les effets sur le taux de pauvreté monétaire ainsi que sur les inégalités de revenus. C’est de ce point de vue que sont notamment analysés les effets de l’introduction de la microfinance comme outil de développement151.

Patrick Honohan (2007) propose de reprendre les bases de données des principaux travaux (Christen et al., 2004 ; Peachey & Roe, 2006 ; Beck et al., 2007b) portant sur l’accès des particuliers au compte et au crédit auprès des institutions formelles et semi-formelles pour en évaluer les résultats. Son analyse de cette nouvelle base de données couvrant 160 pays lui permet d’énoncer deux conclusions principales. La première est que le taux d’accès au compte est corrélé aux inégalités de revenus : plus le taux d’accès est élevé moins les inégalités de revenus sont fortes. En revanche, il n’est pas significativement corrélé au taux de pauvreté. La seconde est que le taux de pauvreté est corrélé à l’accès au crédit (mesuré par le rapport entre la dette totale de crédit privé et le produit intérieur brut) : plus le taux d’accès au crédit est élevé plus le taux de pauvreté est faible.

Bien que Honohan conclut son article sur l’effet positif d’un élargissement de l’accès au système financier sur le développement économique, il reste relativement flou quant à la nature des liens qu’il observe entre taux d’accès au compte et au crédit et taux de pauvreté et inégalité de revenu. Notamment, il ne dit absolument rien du sens de causalité entre niveau des inégalités de revenus et niveau d’accès au compte.

C’est la même critique que l’on peut formuler à l’encontre des études portant plus spécifiquement sur les pays du Nord. Ainsi, Kempson et al. (2004) et Kempson (2006) soulignent que les pays ayant le plus faible taux d’inégalités de revenus (Suède ou Allemagne par exemple) ont également le taux d’exclusion bancaire le plus faible (entre 2 et 3 %). À l’inverse, le Portugal avec un taux d’inégalité extrêmement fort, compte 17 % des adultes sans aucun compte. Toutefois, au-delà de ce constat factuel, aucune analyse ne vient permettre la mise en perspective de ces résultats.

Notes
151.

Pour une lecture critique voir notamment Servet (2006).